« eau-péra », acrylique
sur toile marouflée sur bois, 70 x 50cm, 2015
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Les muses de Patricia Blondel sont des figures
imaginaires, liquides et éphémères qui se désarticulent en perles d’eau sur la
surface de la toile en interpellant avec bienveillance l’œil du regardeur.
De formation
scientifique, Patricia Blondel se passionne
pour l’eau et ses projections ; éclaboussures et autres gouttes.
« L’eau est à l’origine de tout, prend toutes les
formes imaginables et inverse même ses images lorsqu’elle se joue en goutte. »
L’artiste explore
les traces perlées qui se dessinent sur les fenêtres de son atelier par temps
de pluie et fabrique son univers par le transfert de ces données invisibles. Sous
son regard, les empreintes aléatoires du temps observées et extrapolées se transforment
en apparitions, en fabuleuses créatures sensuelles.
Ces figures sculpturales figuratives apposées sur fonds
abstraits, semblent fluides, malléables, en mouvement. Elles glissent en filament sur la surface pour adopter des apparences
inattendues.
La forme gracieuse de leurs jaillissements souligne
leur potentiel esthétique. Leurs lignes ondulantes,
leur transparence, leurs reflets en miroir sur la surface, les jeux de lumière
auxquels elles se prêtent dans la masse sont autant de signes distinctifs qui
caractérisent une touche parfaitement identifiable.
La
peintre puise son inspiration dans l’univers des mythes et des légendes. Ondines,
naïades, nymphes d’eaux douces, déesses du Zodiaque… Quelque soit leur
identité, elles naissent toutes de l’imagination de l’artiste. Un espace
fictionnel où la narration s’inscrit dans une parade énigmatique, une communion
mystique avec l’élément naturel, sans unité de lieu ni de temps. Le secret
nimbe l’ensemble du tableau. Ouvertes et à la fois recueillies sur elles-mêmes,
ces silhouettes spectrales d’eau offrent autant qu’elles retiennent.
Elles
frétillent avec la vie spirituelle en évoquant une certaine virginité, une fraîcheur, un moyen de purification ou
de régénérescence.
Mais
avant d’être des représentations féminines, ce sont des énergies. Des énergies
positives qui ruissèlent de bienveillance et d’allégresse.
Après avoir été
pastelliste, Patricia Blondel retrouve la douceur, le velouté et la
transparence de son matériau de prédilection avec l’acrylique qui lui ouvre un
éventail encore plus grand de possibilités.
Un subtil
relief se révèle lorsque l’on s’approche de la surface de la toile qui apparaît
pourtant parfaitement plane au premier regard. Cette délicate acrobatie visuelle
vient chahuter la fatalité d’une représentation en deux dimensions.
Patricia
Blondel sait manipuler la profondeur et la lumière. Au-delà de la technique s’éprouve
une symbolique emplie de poésie tout à fait atypique qui fait surgir des
abysses les plus surprenantes célébrations aquatiques.