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Céline Steffgenn, la configuration et le relief

Couleurs, toile de lin, 130 x 89 cm, 2016

Fascinée par la sensation de la matière, le travail des doigts et le façonnage des couleurs, Céline Steffgenn débute par le modelage puis le pastel gras avant de s’initier à l’acrylique. Elle construit son identité picturale en osmose avec ces techniques et cette façon très personnelle de travailler l’abstrait en relief.

Comme dans un jeu de mémoires, elle puise dans ses voyages, ses rencontres, ses états d’âmes pour construire des espaces, des territoires. Tous ces lieux bien qu’occupés par ses souvenirs sont devenus abstraits. Elle leur donne désormais un point de vue nouveau, en lévitation. Ces espaces se dessinent alors en aplats de couleurs tels des parcelles de terres, de mers ou de villes vues du ciel.  
Cette illusion d’optique introduit une forme d’équilibre où les éléments couvrent, recouvrent, séparent, divisent, s’ouvrent et se rencontrent sous d’innombrables couches et surcouches qui se révèlent en fonction de la luminosité.

Céline Steffgenn sculpte la toile avec l’ajout de matières. Mortier sablé, pigment, liant se mêlent sur la surface pour lui donner de l’épaisseur. Entre l’aléatoire et la maîtrise, le geste guide son travail.
La densité des matières et des contrastes induits par le rapprochement des couleurs créée des profondeurs et des reliefs.
Dans cette composition rayonnante, la couleur orange est le fil conducteur. Du flou au diffus, ce jeu visuel éblouissant renforce le sentiment d’une dimension parallèle. Un sentiment paradoxal de reconnaissance et d’étrangeté se met en place. C’est une véritable expérimentation sur ce que l’on voit et ce que l’on sait.
« C’est la vision personnelle du regardeur et l’échange que je pourrais avoir avec lui qui me motive. Chacun voit ce qu’il veut y voir » confie l’artiste.
Prêt à lâcher prise le regardeur laisse sa vision se troubler et s’abandonne à l’imagination pour élargir ses possibilités de perception.

Murmures, toile de lin, 65 x 92 cm, 2016
 
Il y a un instant dans la durée du regard posé sur une toile de Céline Steffgenn où l’on voit en même temps la configuration et le relief. C’est à cet instant que l’œuvre livre son motif rythmique. Au dessus de la planéité, les formes se détachent légèrement du support et nous transportent dans la curiosité d’un ailleurs, une poésie picturale qui provoque des sentiments tous aussi réjouissants que méditatifs. Ses paysages mentaux véhiculent toute la beauté et la complexité de la représentation d’un monde fragmenté où d’autres dimensions deviennent possibles.