Complicité, résine rouge, 2016
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Suspendu entre représentation et
déconstruction, son art est au croisement de deux influences qui laissent
s’épanouir des sculptures reliant l’énigme de la création.
« Je n’aurais pas assez de ma vie entière
pour réaliser tout ce que j’ai en tête. »
Lorsque
l’on visite l’atelier de Nathalie Camoin-Chanet, on est d’abord surpris par
l’étendue de son geste prolifique. Une multitude de sculptures de toutes
tailles, savamment exposées sur ses étals, agencées pour s’influencer, se
répondre, se contredire dans leur composition. Elles font sens ensemble dans un
espace de dialogue, une communauté de matériaux variés.
L’artiste
explore le potentiel de la matière comme moyen d’expression. Elle sculpte en directe
sur le support, coule et recoule dans ses moules avant de faire fondre. La
fonderie c’est son deuxième atelier. Bronze, cire, polystyrène… Le matériau
n’est pas une contrainte.
Elle
sculpte également la résine polyester, utilisée pour les coques de bateau et plus
adaptée pour la sculpture monumentale. La Résine acrylique, un autre corps plus
écologique lui permet de mieux se diversifier.
Elle
regarde, caresse, façonne, élague ses contours au fil de ses pensées.
Des
pigments naturels viennent couvrir des corps parfaitement réalistes. D’autres
formes (cubes, bambou…) témoignent d’un chemin de traverse que l’artiste aime
emprunter et qui s’appuie sur la l’abstraction.
Lili, bronze, 2011, 32 cm x 20
cm x haut. 42 cm
Fonderie Landowski ©2017 A.D.A.G.P. |
Au-delà
des matières, s’éprouvent la symbolique signifiée d’une double démarche.
Lorsque
Nathalie Camoin-Chanet est en quête de vérité, les bustes et figures sont le résultat de recherches qui
veulent rendre une vision du réel où les notions de proportions et d’équilibre
sont primordiales. Des musiciens, des
danseuses, des penseurs, des boudeurs scandent cette voie.
Lorsqu’elle s’éloigne et s’émancipe des codes
académiques, à la recherche du mouvement, de l’expressivité et de l’espace, elle
développe un langage abstrait, perce la
masse, joue sur les vides et les pleins. Cette asymétrie porteuse de dynamisme
engendre des corps asexués en situation transitoire, des géants aux courbes
généreuses qui apparaissent comme des révélations.
Le
trait d’union entre ses deux techniques, c’est son intérêt pour la conception
de phénomènes visuels. Chaque sculpture accède à une présence avec cette qualité
de dévoiler des indices parfaitement identifiables à la lecture. Cette
manifestation prend toute son ampleur in situ.
L’artiste explore les moyens d’intégrer la sculpture à
son environnement. Chez elle, dans son jardin, elle parvient à placer ses œuvres
en harmonie avec l’extérieur, et en développant la monumentalité.
Ses sculptures deviennent paysage ; le témoignage
d’un flux de données contextuelles qui investit les lieux tant par les formes
qu’il propose que par les histoires qu’il invente.
Lorsque l’on pousse les portes de l’antre de Nathalie Camoin-Chanet, un musée à ciel ouvert se
dessine. Cet univers où les espaces s’ouvrent et se rencontrent, percent le
lien ténu entre figuration et abstraction, entre réalisme et fiction, entre
deux mondes où se confrontent les procédés et les temporalités pour figer
l’instant solide sans paradoxe.