Message de paix, technique mixte. |
Son
exposition Liberté ton goût est aigre-doux*
déploie des peintures au langage fabuleux pour mieux contrer le contexte actuel
chaotique.
Les peintures de Marina Cartiant délimitent un espace fictionnel où débordent certains éléments
narratifs issus de contes.
« Les histoires pour enfants
reflètent toujours les sentiments des adultes sous une forme symbolique. »
L’atmosphère
particulière du conte est parfaitement évoquée grâce une technique mixte sur
papier, une masse vibrante où les couleurs rivalisent, s’unissent intimement. La
présence récurrente du blanc, forme de pureté et d’innocence, se dilue dans le
jus de tonalités vives et plus froides. Une sensation aigre-douce qui laisse
percevoir de l’acerbité sous une apparente bienveillance.
L’artiste a cette manière
subtile de mêler figuration et abstraction, de poser à nouveau la question de
l’équilibre. Le corps humain est rarement présent physiquement mais son absence
en creux est tout aussi prégnante. Parmi les éléments identifiables, des images
s’imposent. On peut distinguer le visage d’une jeune fille, un couple, un
poisson, une colombe… Autant de figures poétiques suspendues dans un espace de
liberté qui n’aspirent, comme les personnages d’un conte, qu’à la venue d’un
regard ou d’une main qui viendra leur redonner vie.
La mutation constante de ces paysages mentaux, véritables états transitoires d’un
cycle sans fin, laissent se nicher des mystères proches du rêve éveillé.
Mais le rêve ne devient-il
pas enfer, quand on ne sait plus le reconnaître ? La relation entre le fond et la
figure extraite révèle sans doute la marque d’une relation ambivalente de la
mémoire avec des scènes de vie situées entre le souvenir personnel d’instants
vécus et les images d’un inconscient collectif tourmenté proche de l’enfance.
Les réminiscences
se confrontent en permanente déconstruction. Réinterprétées et rejouées, elles
révèlent une certaine violence d’un monde en proie aux conflits où l’enfance
n’a plus d’existence. Douceur ou stupeur, les yeux s’écarquillent vers un
hors-champ qui constamment nous échappe.
Plusieurs
vitesses et époques se côtoient. L’artiste recueille des changements d’état.
Les histoires
qu’elle raconte sont des portes successives qui s’ouvrent et se découvrent.
Chacune d’entre elles referme quelque chose, une âme, un secret qui témoigne
d’une joie ou d’une peur liée à l’évolution de la société.
Marina Cartiant
invite l’enfant qui est en chacun de nous à reconsidérer le monde dans lequel
nous vivons.
* Exposition à l’Hôtel
Concorde Montparnasse à Paris jusqu'au 9 avril 2017.