Origine,
technique mixte et glacis sur toile, mai 2015, 50 x 65 cm.
Origine,
technique mixte et glacis sur toile, mai 2015, 50 x 65 cm.
En quête des origines et de l’épanouissement de la nature et de la vie, André Dureux pose un regard curieux et poétique sur le monde.
Une dimension atmosphérique se dégage, créant
un doute sur ce que l’on peine à nommer. L'opulence de la couleur et de la
surface, les forces dynamiques exprimées par le geste, l’impression de
spontanéité, l’intensité émotionnelle, l’énergie spirituelle soutiennent ses
œuvres que l’on pourrait situer entre l'expressionnisme abstrait et
l'abstraction lyrique.
Un halo progressif
exécuté au pinceau ou au couteau se déconstruit par touches successives. La
technique mixte allie les empattements à l'acrylique, à l'huile et les glacis.
Les effets de relief et de profondeur sont
renforcés par le soin harmonieux porté aux tonalités. Ce procédé chromatique
éblouissant repose sur différentes couches, mémoires d’un instant, qui se superposent
et interagissent pour forger l’élan narratif.
Si la dominante abstraite des œuvres ne se
discute pas, certains éléments figurés se détachent. Ces apparitions n’ont rien
de fortuites. Imbriquées dans la composition, elles surgissent comme par
enchantement lorsque l’on apprête le regard. Un homme, une femme, un tigre, un
portail… Leur symbolique a toujours été pensée et prédéfinie.
Devant les toiles d’André Dureux nos yeux
s’écarquillent. La composition s’équilibre et s’entremêle entre la vue de
l’esprit de l’artiste et notre fascination subjective.
« Mon
objectif est de toucher le subconscient du regardeur afin que son imaginaire
puisse agrémenter et s’approprier la toile. »
Impliquées fictivement, ces images fugitives
nous poussent à imaginer d’autres mondes qui ne sont ni soumis à la règle ni à
l’ordre. Ces lieux laissent agir la substance qui fait irruption. « La matière vit sans être domptée »
poursuit l’artiste.
Ses œuvres procurent une renaissance
spirituelle qui s’inscrit dans un cycle. Le cycle de la vie et celui des
saisons. Du commencement à l’achèvement, de l’accomplissement au prélude, son
chemin pictural emprunte les voies du Taoïsme. André Dureux ne renie pas ses influences pour
les peintres de la culture orientale tels que Chu Teh Chun, Liu Guosong ou Wang Yan Cheng.
« Je
me pose la question de l'existence
de l'homme, sa vie, ses peurs, ses démons, sa mort, sa place dans l'univers
avec souvent une symbolique liée à la nature. Ma série "le Printemps"
évoque la mort de l'hiver et de la renaissance de la vie,
"Propagation", celle de la vie avant la vie, de la conception à la
naissance. »
Après la destruction, le chaos, et le néant,
le peintre s’intéresse à la source, l’origine, l’émergence, l’épanouissement, la
maturité, le rêve. Ces paysages mentaux sont les véhicules de la complexité et
des contradictions d’un monde fragmenté.
Son processus de réalisation agit dans la
puissance de la transformation. Il adopte celui de la croissance et de la structuration
du vivant, entre le macro et le micro. Dans ce va-et-vient, la propagation de
l’élément pictural colonise l’ensemble de la surface et semble se prolonger
au-delà des bords, laissant espérer mentalement que l’espace peut se déployer
encore. De plus, l’artiste travaille en série ; la sensation de spatialisation
et de projection est de ce fait renforcée par les terrains d’expression
successifs de deux, trois ou quatre toiles.
André Dureux nous convie à une lecture qui
dépasse une simple contemplation pour mener à une réflexion sur notre propre
perception de la nature et de l’univers. Ses créations puissantes sont ancrées
dans la vie.