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Les occasions de mutations de Christine Nobre


Ses travaux jouent sur l’apparition de l’image adoptant autant de formats que d’occasions de mutations. Peinture, photo, vidéo, chaque strate esthétique joue de l’instant précis de la prise de vue pour aboutir à une œuvre protéiforme mais toujours identifiable par une mystérieuse présence récurrente.

Immensité, 80 x 60 cm, 2016
Ses œuvres connaissent des mues successives fondées sur des techniques complémentaires ; la peinture, la photo et la vidéo. Cet « entre-trois » permanent privilégie le cycle comme moyen de faire.
Les peintures sont le point de départ. Lorsque Christine Nobre peint elle travaille à l’huile en glacis. Pour le relief, elle plante des clous reliés par des fils, pour plus de profondeur, elle coud ses toiles. Autour de ses peintures, elle place des éclairages, des miroirs, et d’autres objets du quotidien.
 « Lorsque je suis satisfaite du décor planté, de la lumière, je prends en photo de près ou de loin, à l’intérieur ou à l’extérieur, photo que je refuse de retoucher ensuite sur ordinateur. »
L’interaction entre la peinture et la photographie est fondatrice pour passer à l’étape de la vidéo. Filmées et mises en scène, les formes fixes inscrites dans une dynamique deviennent mouvantes. Ces images changeantes, quasi oniriques, semblables à un motif abstrait, présentent une atmosphère transitoire à arpenter du regard.
« Je crée des atmosphères, j’éclaire des questions, j’installe un mystère, à chacun d’y voir ce qu’il a envie, c’est un voyage que je propose et tous les médiums pour y parvenir sont utiles. »

Méandres, 100 x 100 cm, 2017
L’expérimentation de chaque nouvel espace propulse un élément à l’apparence homogène. Une représentation autonome ; un point focal qui se concentre vers une apparition constamment changeante mais qui finit toujours par s’ouvrir et trouver une issue.
« C’est un passage, une porte, un interstice, un orifice, une architecture, un fil conducteur, une accroche visible ou suggérée, elle est à la fois repère et point de fuite.»

L’œuvre rayonnante et hypnotique accède à une identité lumineuse et une présence adressée où les couleurs franches et vives se modulent.
« Le bleu me repose, le jaune m’anime, le rouge me transcende, le vert me rapproche de la nature, le magenta me bouleverse. Les couleurs amènent la vie, les émotions ; elles sont la nature, le soleil, la mer, les animaux, les humains intérieur et extérieur, elles égaient et donnent vie, elles éclairent la nuit. »

Ses visions et ses expérimentations avec la matière et la lumière créent des images fugitives qui nous poussent à imaginer des mondes cachés où l’obscurité permet de mieux voir. Christine Nobre rêve d’installations monumentales, de nouvelles invitations hors-normes pour une méditation, un voyage encore plus grandiose.