Andantes |
Les œuvres de Maryse Maillard-Félix frappent par la subtilité de leur rapport à la Nature et au Vivant dont elles sont les empreintes poétiques.
Dans ses espaces artificiels, c’est
avec une minutie extrême qu’elle nous parle du Beau.
Maryse Maillard-Félix est
attentive à la beauté des effets de la lumière, à la transparence des jus de
couleurs qui se diluent dans leur effort de réalisme ainsi que dans le verre,
un support récurrent dans sa pratique. « J’aime
utiliser le verre car il sert les intentions d’éphémère et de fragilité. »
L’artiste est pluridisciplinaire.
Elle accumule de multiples formats et matériaux ; dessin, peinture,
tableau textile, fusing, vitrail, pâte de verre, thermoformage… Selon le
procédé, elle applique la méthode d’épuration des formes et des éléments. Elle sait
croquer une figure, cueillir un volume. Son inspiration peut surgir d’un
fragment du réel comme d’un rai de lumière qui traverse la fenêtre.
« Un tableau de Hopper, une fenêtre, quelque chose de très
minimaliste, épuré et dégagé, peut m’inspirer… »
L’Homme ne s’éclipse pas de son vocabulaire
narratif. Le monde humanisé et ses évocations spirituelles s’entremêlent avec les
éléments naturels. Libellules, coraux, arbres et feuilles côtoient anges,
poupées et autres marionnettes.
L’artiste qui vit à Charleville-Mézière,
la ville du festival mondial de la marionnette, n’a pourtant jamais aimé les polichinelles.
« Ils m’ont toujours effrayé dans mon enfance. J’ai réalisé deux
marionnettes en cristal pour exorciser ma peur. Avec la réfraction de la
lumière ce matériau devient très fluide, très vivant. » Cette identité
lumineuse unie à une présence adressée s’attache à l’ensemble de ses œuvres.
Du figuratif à l’abstrait, son
travail révèle une tendance performative à témoigner du fil de l’existence
(Au-delà des apparence), d’une émotion minéralisée (Voice of the sea), d’une vie continue qui croît élégamment au sol (Andantes), d’un dialogue de matières qui exprime selon
un certain relief les strates du
temps (Secrets d’arbre, Ailleurs…)
Elle rend visible et matérialise
ce qui se dérobe, ce qui disparaît, comme autant de présence qui s’effacent.
La feuille, élément rémanent dans
ses travaux, se dessine telle une main parcourue de nervures, d’artères. Cristallisée,
humanisée, elle semble avoir développé une méthode surprenante de survie en
milieu hostile. Les feuilles de Maryse Maillard-Félix sont un pied de nez à la
dégradation, à l’usure, à la disparition des traces mémorielles. Elles nous
invitent à réévaluer ce que l’on doit se rappeler, ce qui doit être sauvegardé
comme trace de nos vies.
Entre immuable et provisoire, un
insondable mystère se dégage, lié à l’énigme de la création. Son travail nous
met à une juste distance. Il dénonce les menaces contre l’environnement pour défendre
la Terre autant que pour imposer un changement de perspectives. Maryse
Maillard-Félix éveille notre curiosité pour transformer notre manière de voir
et d’élargir nos horizons.