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Michel Ghougassian, le devenir fonctionnel de l’œuvre d’art


 

Chuck Berry, Marilyn et Miles Davis sur mosaïque-  Acrylique sur médium, clous cuivre et acier, format Ø 94,5 cm. Mosaïque : verre opalescent, émaux de cuivre, pâte de verre et cabochons de cristal. Support médium sur châssis bois. Bordures de 5 cm + chants sur diamètre de Ø 104,5 cm.

Il envisage l’art hybride, malléable, fonctionnel. Issu du dessin textile, Michel Ghougassian est amené à aborder nombre de styles, de courants et langages picturaux de toutes époques, et notamment des motifs et des géométries qu’il s’emploie à reproduire pour mieux effacer la frontière tangible entre les arts appliqués et l’art contemporain.

Animé par la recherche de réalisme, son intention de « coller au vrai » calque le mimétisme photographique avec une volonté de donner à voir une vision personnelle du réel. Sa fascination s’exprime par la lumière et la profondeur, la transparence et l’épaisseur.
Il est question de volumes, de textures, de cadrages, de superpositions, de brillances, d’opacités… Le regard s’enfonce pour repérer quand le motif joue avec les surfaces et inversement, quand les matières révèlent un geste particulier, quand les mouvements sont paradoxaux.
« Le réalisme en peinture peut être marqué d’une empreinte graphique comme pour les autres disciplines que j’utilise ; ce sont ces contraires, ces oppositions et ces porosités qui caractérisent mon approche. »

L’artiste jongle avec les techniques en apportant un soin tout particulier au détail. Il s’attèle à la représentation du monde par l’apparition de l’image en extirpant de l’inconscient collectif des figures reconnues. Celles-ci témoignent de son désir subtil de nous confronter à nos représentations culturelles. Madones, figures chrétiennes ou orientales, danseuses, idoles du jazz, du rock, de la pop… Ce cortège d’identités fabrique un récit artistique réinventé.
« Par leurs souffrances, leurs fêlures, leurs engagements, leur génie parfois, ces personnes ont marqué notre époque et nous inspirent. »  

Les icônes s’enrobent d’une signature graphique propre à l’artiste soutenue par des références et des codes ; une ornementation mi-organique, mi-géométrique. Les formes ondoyantes s’enchevêtrent aux formes rectangulaires, les volutes et les courbes se fondent dans les lignes franches et les asymétries. Le cadre, la mosaïque, l’entrelacement des motifs, le jeu de reflets qui enrobe la figure peut affecter le réel et le pousser jusqu’à l’abstraction en évoquant une influence empruntée à L’Art nouveau et à l’Art déco. L’emploi de couleurs puissantes participe à la construction. Travaillée par touches successives altérées, la couleur répond harmonieusement au choix de juxtaposition des styles.


Tempus fugit- Composition autour d'une horloge. 
Grès, verre opalescent, pâte de verre, 107 x 67,5 cm.


En quête perpétuelle de transformation, son œuvre s’approprie des fragments du réel, des objets d’une signifiance universelle ; une horloge, un miroir, une guitare qu’il associe à ses compositions. L’adjonction de ces objets usuels participe au devenir sculptural des toiles. Il s’agit de questionner la potentialité artistique du matériau réapproprié et son adhésion dans le monde de l’art comme œuvre à part entière. L’œuvre assume ainsi un devenir décoratif, fonctionnel et s’y plie avec tact et malice.
« Bien qu’ils aient une fonctionnalité, je conçois ces accessoires comme éléments à part entière d’une composition et tente de les intégrer dans la dynamique plastique de celle-ci. L’objet customisé est quant à lui un élément coordonné dédié à un espace intérieur. »
La perception de l’objet comme matériau d’œuvre d’art est en soi une manière de retourner à la réalité ; d’aborder une nouvelle approche du réel qui participe à un authentique vocabulaire plastique.