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Valentine Clouët des Pesruches, le réel se raconte


 
Entretien - Huile sur toile - H 46 cm x L 55 cm

Son geste est imprégné du vocabulaire de l’illustration, un parent riche et légitime porté par un réalisme et une narrativité singulière qui constitue son œuvre.

Elle peint des portraits, des natures mortes, des paysages figurés où les possibilités de récits sont systématiquement discernées. Cet élan narratif s’appuie sur des modèles habités. Valentine Clouët des Pesruches capture le magnétisme d’individus à l’allure et la personnalité authentique. Elle questionne l’identité, l’apparition de l’événement, du caractère. Enfant savant, petite fille fragile, jeune femme au regard clair… Elle aime montrer la diversité des existences. Aujourd’hui ce sont les hommes et les femmes dont les visages évoluent avec une maturité qui redessine leurs traits de façon particulière et imprévisible, qui l'attirent.

Ses modèles sont vivants. « J’aime voir les gens, les regarder bouger, capter ce qu’ils ont en eux, déceler leur individualité qui fera toute la différence. » Cette garantie de style et de singularité exprime une forme ultime de patience, une peinture où il est avant tout question de temps, de la capture et la concentration de l’instant. Les présences sont douces, persuasives, apaisantes. « J’essaye de choisir le côté positif de la personne. » Sa lecture sensible de l’être enchante l’atmosphère.

L’artiste ralentit, regarde, contemple la poétique d’un décor, d’un paysage d’automne, d’un bord de mer, d’un marais salant qu’elle sublime vers une abstraction avérée. Son trait devient plus diffus. Le lâcher prise s’affirme. La palette est douce, le bleu des cieux souvent présent se dilue dans le rose, l’orangé. Elle travaille la lumière naturelle, prélève l’ordinaire, la simplicité du banal et du familier pour révéler l’extraordinaire.

De la nature à la ville, la restitution du réel est pour elle un prétexte à l’adoption de son point de vue, de son ressenti. La vision urbaine des chantiers lui inspire une autre tournure plastique. « La mise en scène, la composition, l’équilibre de ces sites en construction sont très attirants. » Un ballet de grues, de pelleteuses, de parpaings, d’empilements de contrepoids, d’énormes poutres laissent libre court à un jeu de lignes en parfaite structuration qu’elle retranscrit avec une rationalité distante. 

Valentine Clouët des Pesruches partage le goût de l’expérimentation dans ce qu’il incarne l’idée d’explorer des possibilités inédites. Elle ne revendique pas de technique. Crayon, aquarelle, gouache, huile, acrylique, gravure… Elle connaît les astuces de la peinture. Chacun de ses sujets lui inspire un procédé, une tentative, un chemin de recherche pour révéler les composantes narratives du réel entre l’analyse, l’impulsion et la distance.