Au fil de
l’ombre 1, 2016, 110 cm X 50 cm,
réalisée
avec deux plaques de plexiglass
imprimées sur des panneaux de toile de verre.
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Dans le travail de Yannick Dublineau tout concourt à troubler les espaces et les reliefs. C’est une
gravure de peintre aux confins de la troisième dimension. Peinture à l’huile, encre, aquarelle apportent
un supplément de matière, de profondeur et de volume à son travail.
« La gravure offre de multiples possibilités, une infinité
d’interprétations à explorer. Elle allie merveilleusement bien ma technique du
dessin et de la peinture. »
Le format comme le support ne
sont jamais figés. L’artiste affirme sans cesse son goût pour
l’expérimentation. Les impressions sont effectuées sur un papier de grammage
épais ou sur d’autres supports tels que le tissu ou la toile de verre. Elles
sont réalisées à partir de plaques gravées sur cuivre, zinc, acier et plexis
puis encrées pour passer sous la presse.
Elle procède par étapes, offrant
le témoignage de toutes les traces de ses expériences. La tâche devient réseau
graphique et se décline, dévoré par l’acide, fouillé en dessous et retravaillé,
éclaircit, contrasté en dessus. En relief ou en
creux, les techniques traditionnelles se lient aux procédés contemporains
faisant évoluer les zones explorées et le champ d’application de la gravure. Pour Yannick Dublineau, la gravure
est une pratique à la fois empirique et rationnelle résultant de lentes
mutations.
A la frontière du figuratif et de
l’abstrait, elle recrée son propre monde en restituant le paysage réel ou
mental. Elle dessine et reproduit au préalable selon certains modèles de
pierres, d’écorces, d’insectes avant de transformer la représentation en identité
abstraite. Une autre réalité naît, complexe et réversible.
Terres, mers, rochers, végétaux, montagnes, cieux et nuages se mêlent presque imperceptiblement. Comme une perturbation, le paysage semble flotter.
Terres, mers, rochers, végétaux, montagnes, cieux et nuages se mêlent presque imperceptiblement. Comme une perturbation, le paysage semble flotter.
Lorsque l’on plonge dans l’œuvre
de Yannick Dublineau, on y voit l’infiniment petit devenir monde.
« Du noyau originel à son devenir exponentiel, le tout petit
s’exprime aussi en très grand. »
L’expansion-rétractation s’étend
de façon circulaire, horizontale et verticale. De la terre vers le ciel et vice
versa, la composition prolifère comme un nuage atomique, capturé dans son
éternelle explosion. Nous sommes invités
à ralentir, à regarder, à devenir complice de la scène. Yannick Dublineau lie la
coïncidence du spectaculaire avec l’infime. De la mesure à la démesure, elle couche
le chaos sur papier, grave l’instant, fige le passage. L’œuvre est conçue comme
autant de substitutions que de liaisons inattendues. Le passage est un
continuum sans fin entre la composition et le mouvement. C’est précisément dans
cette transformation d’état que l’œuvre se déploie.
La scène apparaît dans une
harmonie de tonalités à dominante blanche, noire, grise avec parfois certaines
touches de bleu, de rouge.
Elle travaille pour ce faire souvent
avec deux plaques. Les présences chromatiques se superposent pour en former de nouvelles.
La couleur prend ainsi position et questionne la transparence.
Le surgissement de la couleur,
parfois de la figure, flirte avec la fugacité évoquant les méandres du
souvenir. Ce manège fragmenté participe à un répertoire formel autant matrice de
motifs que de textures. Yannick Dublineau sublime le fragile éphémère. Elle grave
dans le temps et l’espace les apparitions et les disparitions résolument
souhaitées ou librement accidentées permettant de saisir un état du monde.