Cette série
réalisée à l’huile sur toile retrace l'histoire d'une évasion vers les
souvenirs de l’enfance qui aboutissent par la force des choses au discernement
du réel et du rêve.
« Sur la base de mon vécu, de ma réalité, j’ai voulu de manière symbolique, spirituelle et imaginaire, traduire les années de ma tendre enfance dès l’âge de 6 ans jusqu’à l’entrée dans la vie d’adulte vers mes 20 ans. J’y ai figuré mon âme guidée par une certaine intuition qui m’a permis de m’extirper de situations parfois dangereuses. »
Marie-Rose Atchama recrée un lieu fantastique,
particulièrement enchanteur où la diversité extraordinaire des paysages semble
d'une beauté presque surnaturelle. Là-même où l'on peut avoir peur un instant
puis se sentir rassurer.
Volutes sucrées, arabesques abstraites, du suggéré à
l’évident, tout semble exister dans cette nature qui offre autant d’images que
de mirages. C’est dans cette contrée vallonnée, belle et opulente où l’harmonie
semble éternelle que l’artiste se réfugie en s’imaginant petite puis jeune
fille. Elle cueille des fruits, croise loup et agneau en contemplant le ciel.
Celui-ci est bleu mais d’une activité indicielle nuageuse. La tourmente et le
danger sont annoncés. A la surface du paysage, la femme-enfant compose son
invincibilité. Des anges la contemplent, parfois lui tendent la main.
Prête à s’envoler, elle se laisse happer par ce firmament vers une poétique
maturité qui l'empêchera d'être dévorée par le lion errant. Elle devient alors
déesse des cieux et dompte l’animal rugissant par un souffle cosmique apaisant.
Sa toute-puissance se puise aussi dans la tentation de
l’inconnu et sa force de le poursuivre. Cette vigueur vitale est renforcée par
sa chevelure rousse flamboyante et dénouée. Du relief continue des terrains à
la voûte céleste, elle demeure en suspens, libre de se promener, de se perdre
dans un monde habité, de circuler d’un niveau de réalité à l’autre, de s’ouvrir
à de nouveaux points de vue, aux dimensions d’autres voix. Ses déplacements
entre ciel et terre révèlent un moyen de rêve d’énigmes visuelles à l’apparente
tranquillité qui cachent une sourde gravité.
Les compositions oniriques se peuplent d’une
iconographie christique empruntées aux peintres de la Renaissance. Marie-Rose
devient Judith, personnage auquel il est octroyé intelligence, prospérité et
surtout indépendance. « Dieu est en moi depuis l’enfance. »
L’obscur se fait clair, l’absence devient présence et
la jeune fille, femme.
Les scènes se nourrissent de la conception du
Divin, des monstruosités de la vie, entre le bien et le mal, le puissant et le
faible, le visible et l'invisible. Dans
cette tension de la représentation naturelle et artificielle, entre le
l’innocence et la maturité, l’artiste évoque la relation ambivalente de sa
mémoire ; celle de scènes de vie ancrées dans le souvenir personnel
d’instants vécus et celui d’images chimériques qui documentent ces instants.