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Marina Cartiant, " Lux mea lex : La lumière est ma loi." *

 

Messager, technique mixte : raphia, bois, bambous, 254 x 15 x 10 cm

Pour cette nouvelle installation l’artiste a souhaité " faire rentrer le dehors dedans" en se concentrant sur les thèmes de la lumière, des messagers et de la transmission.


La lumière circonscrit l’espace, l’atmosphère. En définissant les pleins et les déliés des volumes, elle suspend le moment et donne du poids à l'ombre fugitive. L’installation est présentée dans un espace clos où la lumière artificielle des spots fixés sur les murs de la salle d’exposition se lie à la lumière naturelle. La voûte en arc de cercle du site permet de par sa forme de capter les rayons d’un soleil rasant en exploitant les qualités spatiales et sensorielles de la lumière quel que soit son spectre d’émission et ses longueurs d’ondes. Ces jalons lumineux indiquent les chemins vers l’espace, la profondeur, l’infini. 


L'artiste crée un monde qui exhibe ses éléments constitutifs. Elle s'empare du territoire en diversifiant les matériaux et les échelles avec toujours cette distance entre la réalité et sa représentation. Ses assemblages réunissent des fragments concordants qui se juxtaposent en unités de sens. Ce sont des modules en bambou, raphia, paille et terre qui participent à un land-art revisité où l’architecture du sensible vient trouver son point d'équilibre entre l'extérieur et l'intérieur. Marina fait de l'invisible du visible et exploite à merveille le moindre interstice. Elle s'intéresse aux espaces intermédiaires, à l’entre-deux de la matière où les surfaces et les reliefs s’ouvrent et se rencontrent.

Le réel est porté en fiction pour être repensé. C’est un véritable parcours initié par une amoureuse de la nature. La dynamique de recherche répond à une véritable éthique personnelle, environnementale.  "Préserver la terre, arrêter le gaspillage, respecter les animaux sont pour moi toujours des priorités."  La vie du dehors continue élégamment de vivre en dedans avec ces cascades, nids et totems tressés. Tous aussi fantastiques et purs, ils révèlent leur activité indicielle. Déambulation, pause, accélération, ils mènent à une appréhension rythmique de l’espace.


Les modules sont installés dans une relation de proximité, de mise en abyme les uns à l’égard des autres et sont associés pour provoquer un écho chez le regardeur. L'artiste est traversée par l'intérêt de transmettre et souhaite apporter une attention particulière aux enfants. A la fin de l'exposition, chacun se verra remettre une plume afin de devenir messager à son tour de l'expérience qu'il viendra de vivre. Une manière de défendre la création artistique comme un acte librement et résolument interrompu, à l'image de la nature. Une façon d’appréhender le passage de l'homme sur l’environnement entre résistance, résignation, espoir et reconstruction.

"J'ai marché sur la terre et mes larmes sont devenues du vent, emportées par le bruit assourdissant des arbres abattus." La douce mélancolie de Marina Cartiant fait l'éloge de la fragilité, du transitoire, de l'éphémère. Ce positionnement agit comme une interrogation de notre devenir et de notre présence au monde. 



* installation in situ présentée à la galerie du Carré de la Farine à Versailles en 2019.