Il interroge notre
rapport à la société de consommation à travers un objet familier, ordinaire,
produit en série, standardisé qu’il transforme en œuvre d’art. Parcours de
l’ordinaire à l’extraordinaire…
Nathaniel Attar peint à l'acrylique, use parfois du pochoir et procède à la découpe de canettes qu'il colle et cloue ensuite sur sa surface.
Nathaniel Attar peint à l'acrylique, use parfois du pochoir et procède à la découpe de canettes qu'il colle et cloue ensuite sur sa surface.
« Chaque élément est fixé sur un petit support qui permet de donner du
relief à l’œuvre et de laisser retranscrire la légèreté du matériau. »
Il s'agit de mettre en évidence le caractère sculptural de la canette au travers d’un prisme critique défiant sa forme et sa fonction. Peinte, fragmentée, récupérée, recyclée, découpée, pliée et façonnée, la canette, suit un nouveau cycle de vie.
Il s'agit de mettre en évidence le caractère sculptural de la canette au travers d’un prisme critique défiant sa forme et sa fonction. Peinte, fragmentée, récupérée, recyclée, découpée, pliée et façonnée, la canette, suit un nouveau cycle de vie.
« Les canettes sont pour moi le vecteur du concept
"Humanfuel"; le contenant de toutes les essences et carburants de
notre société. Elles sont partout(...)Lorsque nous consommons ce produit, nous
sommes séduits par son contenant avec ses codes couleurs, son contenu, lui, a
été étudié pour nous rendre addict. »
Nathaniel porte un regard engagé sur les dérives consuméristes en utilisant
les mêmes rouages que la société de consommation. Il multiplie et assomme le
regardeur du même objet comme s'il se trouvait dans un rayon de supermarché.
Tel un archéologue de la vie moderne, il collecte l’objet communément produit,
utilisé et jeté avant de le recontextualiser.
La canette est magnifiée et présentée comme une relique. Revisitée, elle suscite
le questionnement. C’est même une véritable invitation critique à réévaluer nos
critères de jugement symbolique. Face à l’œuvre, nous ne sommes plus d’irréductibles
consommateurs. Nous portons désormais une opinion sur une société au sein de laquelle nous
sommes constamment incités à consommer de manière abondante.
La production de masse fait perdre la notion d’unicité de l’objet. Ici, le
produit retrouve une partie de sa substance. Dans un glissement subtil, la mise
en confrontation des deux mondes : celui de la vie quotidienne et celui de
l’art se juxtapose, se confronte. Ce chassé-croisé contemplatif introduit une
forme de déséquilibre et souligne le sentiment paradoxal du consommateur passif
devenu spectateur critique.
La démarche artistique
de Nathaniel n’est pas arrivée par hasard. L’artiste est né dans la Pop culture. « Le pop art, a
été ma première référence artistique. J’ai passé de nombreux été en Californie
pour y retrouver une partie de ma famille. » Imprégné de cette culture,
il s'inscrit dans la lignée d’artistes dénonçant les travers de la
société de consommation. Andy Warhol et ses répétitions de produits
manufacturés, la lady market de Duane Hanson, Arman et ses poubelles
mises sous verre, les objets de plastique recomposés en bas-reliefs de Tony
Cragg ou encore Villeglé et ses affiches publicitaires lacérées sont autant de
références spectrales qui surgissent volontiers devant les travaux de Nathaniel
Attar.
Entre reconnaissance et singularité, l’artiste laisse bouillonner ce magma
de références colorées, laissant toujours prédominer la toute-puissance de
l’acte de consommer.
"Nous vivons dans une société de surconsommation dans laquelle les
marques sont omniprésentes. Tous les produits et les individus publiques sont
aujourd'hui parfaitement marquetés (...) Nous sommes partagés entre notre envie
de nous laisser porter par le système et notre volonté de mettre des limites.
Mais c’est toujours la société de consommation qui finit par triompher."
Cette même société où les codes, les logos et
les icones prennent une place grandissante, où la réalité devient une immense
mise en scène et nous chahute quotidiennement de sa folie. L’endroit rêvé en
somme pour créer.