Extrait de : L’atelier de
l’ange - 2017, acrylique et pigments d’Inde, 80 x 130 cm,
acceptée par le
jury de “The Artbox Project NY 2018”
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Elle travaille dans la fulgurance
pour saisir l’immédiateté et capturer ce qui unit. Ses toiles sont des
traversées, à chaque fois singulières. Elles déploient leurs lignes perceptives de
l’intime et l’universalité ; un véritable carrefour de chemins de vies.
« Chaque toile est un instant T tout en pensant que
le temps n’existe pas. »
C’est dans cette logique de
« flash », de laps de temps centrifugé que Natalie Vassil créée. Ses
espaces toujours différents ne tiennent pas compte d’un fil chronologique mais
d’une articulation qui interroge sur le monde.
Sous une force libératrice, comme
une évidence, l’échafaudage nébuleux se construit petit à petit. D’abord le
fond créé une lumière, avec une réflexion de couleurs à base de pigments issus
d’Inde, d’Afrique… De sable volcanique, de la mer rouge. Puis l’artiste recouvre,
efface. Son geste circulaire la conduit
vers la courbe et la ligne qui se mêlent, s’entremêlent et s’enchevêtrent pour mieux
s’apprivoiser.
« C’est la rencontre, la synchronie des
intersections qui m’intéressent. Les
croisements se font là où ils doivent se faire. »
Ces bifurcations d’une continuité spatiale sans fin mettent en relation des individus autonomes
et contigus qui se répondent dans une symbolique de miroir. Ce sont des
personnages blancs tous identiques. Les unités d’une cordée humaine, du chemin
de l’âme qui trace des parcours libres, des percées offrant plusieurs
itinéraires possibles tels que l’on pourrait les lire sur les lignes de la
main.
Comme un cheminement cyclique,
sans forcément d’éléments de compréhension et d’orientation, certains individus
se font face, d’autres décollent de leur trajectoire.
« Cette voie qui marque ce que nous sommes au plus
profond de nous, nous montre ce que nous avons à apprendre en résonnance avec
les autres. Chaque personne est importante. Il y a une certaine urgence à
se reconnaître pour pouvoir lire le monde à titre égal. »
Ce message d’une bienveillance
universelle qui relie l’individu au sein du groupe est une plongée en soi et dans la substance du
monde. Un tout
qui est plus que la somme des parties.
La captation de cet espace ouvert englobant parfois déroutant, constitué de
mouvements continus et enluminés en libre circulation, lie tous et chacun à la contingence. L’artiste se dit curieuse de la façon
dont le Divin et ses différentes représentations interpellent les êtres. « Ce qui compte c’est ce que les hommes
feront de leur destinée. Ne laissons pas nos peurs changer la beauté de
l’univers qui nous entoure. »
Cette dimension transcendante et spirituelle qui invite à l’alternative, à
décider de nos propres choix, s’imprime sous la multitude de tonalités
joyeuses. Matière, lumière, palette, spectre lumineux… Leur rapprochement
crée des profondeurs et des reliefs, une masse vibrante d’une impression
presque moléculaire.
Les deux Corée - 2018, acrylique -
poudre de porcelaine de Corée, 97 x 130 cm
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Les
derniers travaux de Natalie engloutissent la couleur et les éléments narratifs
qui se fondent dans une éblouissante
harmonie tendant vers le monochrome blanc. Le tracé, les personnages s’effacent.
Ils s’éclipsent en plénitude portant en eux la mémoire de leur matrice
disparue en creux. Dans cette absorption visuelle, l’évanescence est une vision à la fois protectrice et mémorielle. L’artiste invite à la
reconsidération de la présence, de l’absence, de la renaissance, de l’humanité,
de son empreinte et son histoire. Ses travaux offrent une impression de vie. Des
voies nouvelles, des points de fuite, une perspective existentielle où continue
de croître ensemble les êtres.