Sans titre, acrylique sur toile, 30 x 40 cm |
Ses peintures et ses dessins fusent comme des traits d’esprit. Il peint vite et abondamment avec toujours ce goût particulier pour l’allégresse et l’empathie.
Il y a dans les travaux de Cyril un répertoire hétérogène de sujets : des arabesques vraiment abstraites, des représentations figurées qui surgissent libres avec panache. Ce sont des fleurs, des petites sorcières, des smileys… Le plus souvent isolés comme suspendus dans un espace indéfini. Ses travaux balayent du plus flou au vraiment explicite, du suggéré au plus nommé. Cette relation entre le fond et la forme révèle la relation ambivalente entre la mémoire, le souvenir d’instants personnels vécus et l’imaginaire collectif.
« Les fleurs sont une métaphore de l'épanouissement de tout un chacun (e). Les personnages et les pictogrammes sont l'occasion d'exprimer ma joie de vivre. »
L’artiste peint dans sa salle à manger sans ordonnancement où l’espace est restreint. Ce qui explique probablement le choix de ses toiles de petits formats. A l'acrylique, à l’aide d’un pinceau et de grosses brosses, il exécute plusieurs œuvres en même temps et repeint sur ses toiles déjà achevées. Ce contact direct, manuel avec la peinture renvoie à une part infantile. Il dévoile un foisonnement sans hiérarchie, une part naïve et assumée à la force libératrice. Entre exutoire et fascination, l’aspect régressif, inévitablement vital et jouissif est mis en avant. Son détachement manifeste pour l’expertise technique génère des formes dont les contours semblent toujours très heureux. Son travail porte les traces fragiles d’expériences au jour le jour qui semblent battre en accord intime avec sa vie personnelle.
« Je laisse des espaces libres, des espaces de repos. Je suis à la fois rapide pour peindre, emporté par ma fougue et à la fois, je me laisse le temps. J'aime me lever la nuit pour regarder mes toiles dans l'obscurité sans réveiller ma femme. »
La forme d’automatisme ordonne un chaos ordonnancé par le geste et la couleur.
La couleur n’est pas une ligne ni un aplat. Elle en appelle une autre. Le noir n’est jamais présent. La tonalité la plus sombre utilisée est le violet foncé. Le peintre enjoué avoue affectionner particulièrement l’énergie de Fabienne Verdier qui considère le trait et la couleur comme des entités vivantes. Cyril croit à la symbolique et à la puissance des couleurs. Il affectionne particulièrement le bleu. « C’est un bleu viril. Pour moi, un tableau se crée avec la puissance de l'Amour, avec quelque chose de très masculin. »
Sur ses toiles, une sorte d’écho de tonalités et de gestes s’organise sur la surface avec spontanéité, légèreté et semble le porter hors de la pesanteur et des catégories.
« Je laisse libre cours à mon imagination, à ma philanthropie. Je crois en l'humain, homme ou femme, je crois en la vie. Je suis un citoyen du monde et j'essaye d'exprimer mon métissage par la couleur (…) Je crois aux ondes vibratoires positives, connectées à des énergies qui motivent, encouragent et invitent à donner le meilleur de soi-même. »
Sous l’impulsion et la présence affirmée, l’exposition de soi et la parodie, le travail humaniste de Cyril Chanel n’est pas indiciel et n’entend pas discourir frontalement. Ses toiles sont des instantanés de vie habités de bienveillance qui laissent l’opportunité de nous surprendre.