Son travail provoque
un sentiment heureux, une invitation radieuse à apprivoiser un moment paisible
et amusé.
Personnages joyeux, femmes oiseaux, bouquets de fleurs, intérieurs gais, extérieurs
fantasques… Chaque élément cultive un potentiel de fable et l’art de faire
sourire. Il peut signifier autre chose que ce qu'il montre. La réalité
construite est remise en cause et liée à l’expérience hallucinatoire, du
surgissement de l’image à la dissolution de son interprétation. La composition
permet tous les troubles optiques et les astuces d’échelle. L’artiste relie ses
représentations enchantées selon une technique d’accumulation très personnelle,
tel un ruban qu’elle déroule sous l'influence narrative d’un surréalisme
revisité.
La facture séduisante et colorée ouvre un champ de tonalités rayonnantes. Nous
flottons, déracinés comme par magie dans la stratosphère de Valérie Muller.
Elle utilise toutes sortes de papiers en blanc cassé sur lesquels
elle mixte crayon à papier, feutres et aquarelle.
« Lorsque
je me suis enfin autorisée à m'exprimer et à dessiner, c'était en noir et blanc.
Doucement est venu le moment, le chemin de la guérison et forcément la couleur
s'est imposée. J'aime mélanger les techniques, c’est un peu comme ma vie, des
montagnes russes ! »
Son intérêt pour la nature n’est pas né par hasard. Son parcours
de formation était comme un besoin de percer le mystère des fleurs, de le faire éclore. Aujourd’hui,
son art se décrypte comme un naturalisme revisité qui reconstruit le réel en
lui faisant subir quelques métamorphoses, des représentations vivantes,
dynamiques, épanouies dans la luxuriance d’un
jardin hors normes.
« J'ai
grandi dans le potager de mon grand-père. Petite je parlais aux plantes. Par la
suite, j’ai étudié dans une école de stylisme où je me suis formée à la création
textile en étudiant les motifs floraux en particulier. J’ai ensuite fais un BP d’horticulture
et enfin un CAP de fleuriste. »
Pour Valérie, la résilience est un fil conducteur qui ponctue sa réflexion esthétique ;
une façon d’exprimer son vécu. Elle sonde les possibilités d’échappatoire, les
opportunités d’émancipation, la fuite des corps, l’ouverture de perspectives,
l’espace possible vers la délivrance et le bonheur.
« Je
tente de transformer mes peurs, mes doutes en petites fleurs. J'ai envie de
montrer que malgré les épreuves, l'oubli de soi durant de longues années et de
ses rêves... Tout est possible (…) Je me suis rendue compte que mon
univers pouvait parler à certains (…) Et c'est comme une petite guérison pour
moi aussi. »
Son témoignage pictural, optimiste se découvre sous une
certaine forme burlesque, empreinte de poésie et d’harmonie. Une sorte de géographie mentale qui
nous plonge aux racines de son inconscient pour dévoiler les forces vitales qui
déterminent la vie et apaisent les différends.