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Etienne Pierart, le spectacle grandiose et indomptable


Bank Island, Northwest Passage, Arctic. © Etienne Pierart

La planète est son studio. Ses photographies véhiculent la beauté et la complexité des contradictions d’un monde fragmenté ; des rapports entre les espaces, les territoires et les peuples.

Etienne Pierart porte un regard sur un état du monde actuel, éclairant les marques d’un changement entre résistance, espoir et destruction. Il explore l’intime d’un paysage ou d’une vue quotidienne. Une manière de pointer la poésie du paradoxe. Ce mix sensitif ouvre les portes vers d’autres dimensions de la réalité. Il s’attarde sur les plis du réel dans lesquels résident le mystère en exploitant à merveille le moindre interstice.
Ses travaux sont issus d’observations entretenues par l’homme sur l’environnement. Ils empruntent un mode opératoire qui lui est propre. Les photographies en couleur sont exécutées en numérique et celles en noir et blanc en modulation argentique. Certains clichés sont accomplis en prise de vue aérienne.
« J'aime prendre de la hauteur par rapport à moi-même et par rapport à notre monde en général.  Vue du ciel, la photographie se sublime et nous offre un autre graphisme, une autre colorimétrie. Je me sens bien tout là-haut. »

L'arbre et l'arborescence, les pôles arctique et antarctique… Les photographies attirent par la narration qui s’y déploie. Le ressenti passe du détail au plan large. Son point de vue ne nous empêche pas de voir le reste du décor. Chaque situation reste ouverte au prolongement et à l’interprétation. Le regard, libre de circuler ici et là, oscille d’un niveau de réalité à un autre, dans un écart intuitif.
« Certes les enjeux et les équations climatiques me bouleversent, mais ce n’est pas mon rôle d'arbitrer ce désastre.  Ce que j'ai photographié disparaitra (…) Mon travail est un témoignage lyrique. »

La méthode de captation souligne un mode indiciaire avec une intention parfois prêtée aux illusions de l’image. Pourtant aucune transformation ni distension n’est pratiquée. Le langage de la nature est préservé avec sa parole sensible. C’est une capture de l’instant sans manipulation, pour ne pas altérer l’immersion poétique au cœur des écosystèmes et permettre d’embrasser l’attente distendue d’un climat.
« Je n'aime pas "photoshoper" l'environnement est tellement beau, les lumières sont magiques à certaines heures, je n'éprouve pas le besoin de tricher par rapport à ça. »  

Le travail d’Etienne Pierart est une succession d’atmosphères aptes à rendre un point de vue esthétique et réel sur le monde. C’est une envie de partir, parcourir des territoires marqués par un imaginaire nourri du road trip pour connaître la configuration du terrain, de ses populations, de sa faune et sa flore au plus près. Dans ses déplacements constants, le photographe saisit l’immédiateté de rencontres et de lieux à chaque fois singuliers qui prêtent à l’interprétation. Ses traversées sont à la fois simples et énigmatiques et nous sollicitent vers la curiosité d’un ailleurs. Elles nous transportent dans la contemplation d’un spectacle grandiose et indomptable qui fait naître en nous une émotion profonde. 

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Etienne Pierart, a grandiose and invincible sight

The planet acts as his studio. His photographs convey the beauty and complexity of the contradictions in a fragmented world; relationships between spaces, territories and populations.

Etienne Pierart examines the state of the world today, shedding light on the signs of a shift between resistance, hope and destruction. He explores the finer details of landscapes and everyday views. This is how he highlights the poetics of paradox. This sensitive blend paves the way to other dimensions of reality. He focuses on layers of reality harbouring mystery by cleverly exploiting any glimmer of an interstice.
His works stem from man’s observations of the environment. He has a unique modus operandi. Colour photographs are produced digitally and black and white photographs on film. Some shots are captured from an aerial perspective.
I like to get up high in relation to myself and in relation to our world in general.  From above, photography has the ability to sublimate and provides us with another style, another palette. I feel good up there.’

Trees and arborescence, the Arctic and Antarctic Poles, the narratives presented in the photographs are appealing…Perception moves from detailed to wide-angle shots. His stance does not prevent us from seeing the rest of the setting. Each context remains open to expansion and interpretation. The gaze, as free as a bird, oscillates from one level of reality to another, with intuitive inconsistency.
Of course climate change issues and models upset me, but my role is not to arbitrate this disaster. What I have photographed will disappear (…). My work provides a lyrical testimony.’

The way these photos are captured accentuates an indexing style that occasionally causes illusion. However no alteration or distension is apparent. The expression of nature is unspoilt and sensitive. The moment is captured without manipulation, to preserve poetic immersion at the heart of ecosystems and embrace the inflated anticipation of a certain atmosphere.
‘I don’t like "Photoshop". The environment is so beautiful. The light is magical at certain times of the day. I don’t feel the need to ‘cheat’ in relation to that.’  

Etienne Pierart’s work is a succession of ambiences with an ability to present a beautiful and genuine vision of the world. It expresses a desire to set off, to travel across territories marked by an imagination fuelled by road trips to experience the lay of the land, populations, fauna and flora as closely as possible. Constantly travelling, the photographer grasps the immediacy of unique encounters and places that are open to interpretation. His voyages are both simple and enigmatic, arousing our curiosity for otherworldliness. They beckon us to contemplate a grandiose and invincible sight stirring emotion deep within us.

Translation : Louise Jablonowska.