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Lorsqu’on lui pose la question de ses influences, l’artiste répond volontiers que son procédé s’inspire des techniques du graphisme, du mouvement « Beat » ou encore du « Cut-up » ; une technique expérimentée par les écrivains William Seward Burroughs et Jack Kerouac. Cette dernière permet de découper un texte original en fragments aléatoires avant d’être librement réarrangés pour constituer un nouveau message.
« J’aime les mots, l’univers de la littérature, je vis dans un univers bilingue et mon univers personnel s'est enrichi à travers les deux cultures, grecque et française. »
En référence à ce collage littéraire qu’elle utilise comme un transfert, Stavroula utilise une photo ou un assemblage de photos riches de sens, puis enlève, ajoute, transforme. Au crayon, à la mine de plomb sur papier ou encore sur bois préparé avec du Gesso, avec la plus grande économie de moyen, par son geste spontané et dans l’instant, elle libère la ligne et l’existence du sujet en laissant une place importante au vide. Ceci lui permet de se concentrer sur le sujet principal.
« Je cherche l’essentiel ou ce que je définis comme essentiel, en laissant beaucoup d’espace à l’inconscient pour que les spectateurs puissent avoir différentes interprétations. »
Cette façon de renforcer la réalité et le manque contribue à un style synthétique propre à l’artiste.
Des portraits de femmes, d’hommes, d’enfants, d’animaux… Sont autant de personnages inaccessibles, témoins muets d’un instant T, parfois aveuglés (par une barre noire apposée sur leurs yeux.) Ces figures, ni héros, ni victimes, sont simplement des êtres. L’artiste s’attache à la condition individuelle, son épanouissement et ses échanges au sein de son environnement ; une société en pleine mutation où tout évolue à grande vitesse. Leur contemporanéité se situent dans la maîtrise de leurs traits figurés parfaitement identifiables et confrontés à une certaine abstraction. Stavroula permet au réel de s’enfuir dans des compositions plus abstraites. Là-même où l’indice de l’intériorité d’une figure s’échappe pour devenir autonome et libre.
La transparence et l’immédiateté induite par la technique du crayon contribuent à une délicatesse du trait et des visages. Le blanc, partie intégrante de chaque œuvre, emprunte ses qualités de composition et propose un luminisme nuancé. Le noir du dessin contraste avec le fond neutre du papier, parfois légèrement travaillé, entre l’obscur et le clair, entre la présence et l’absence.
Quelques mots apposés sur la surface participent de temps à autre à la charge narrative qui s’inscrit plus dans l’incompréhension et l’absurde. Stavroula ne cherche pas l’explicite. Les lettres et les traits s’agrègent et se dispersent. L’écart entre le dessin et le texte constitue un dispositif où l’indéfinition du sujet est garante de l’intimité de la scène que chacun pourra interpréter.