« L’art s’impose à moi comme un besoin de
subsistance, d’indignation envers les aberrations sociétales actuelles. » Les travaux de Paul-Yves Poumay explorent notamment les
possibilités d'engager le public comme collaborateur dans le processus de
création.
Son œuvre se décline selon
plusieurs techniques ; la peinture, la sculpture et la photographie.
« Je propose un travail particulier, sans références et sans complexes.
Idéologiquement, je mène peut-être le combat de Don Quichotte... »
Avec humilité, générosité, humour
et idéalisme, à l’image du héros de Cervantès, cet artiste a le souhait par
l’acte artistique de dénoncer l’industrialisation financière, les injustices de
notre société afin de construire un monde plus juste et plus durable pour tous
les vivants.
Son initiative collaborative se
réalise sous forme d’un appel aux dons pour acquérir par milligramme une sculpture
baptisée "Don Quichotte." La mise est symboliquement fixée à
26, 5 euros le milligramme pour
76 millions de milligrammes disponibles.
« En s’impliquant dans la démarche, les différents acheteurs deviennent
ainsi copropriétaires de l’œuvre d’art la plus chère au monde et la plus
abordable en même temps. »
Dans cette bataille pas encore
acquise, ce projet s’érige comme une arme esthétique de perturbation massive.
Paul-Yves est un générateur
d’activisme artistique. Un activisme potentiellement vital, apte à faire
chanceler le réel avec de véritables objectifs.
« Je souhaiterais pouvoir disposer de capitaux
importants et initier de la recherche fondamentale qui pourrait aboutir à des
solutions plus justes ainsi que développer massivement l’enseignement
et l’éducation. »
Ses autres compositions foisonnent
avec hiérarchie. Sur la toile, l’artiste interpelle frontalement en jouant des contrastes, de la couleur et du trait. Principalement
à l’acrylique, parfois au crayon, à l’aquarelle ou à l’huile, le geste libre de sa main, comme une fulgurance, s’inscrit dans l’espace en
alternant les segments et les courbes. Il évoque un sentiment de liberté sans
cesse en évolution, hors du temps et de l’ordre apparent. L’immédiateté de son
trait contribue à une gestuelle atypique. Quelques regards surgissent par
touches successives et se détachent de la surface sous une palette chatoyante
ou plus atonale. L’œil censeur qui pourrait s’apparenter à celui du grand
capital affiche sa sévérité.
Toujours en quête de mouvement et
d’expressivité, ses sculptures rappellent
ses peintures, avec une dynamique abrasive, striées de coupes, bavardes de vie.
Réalisées à la terre parfois
cuite et peinte, elles surgissent avec panache et se
donnent à voir comme des présences totémiques profondément humaines. Le fondu
des formes, la déformation, les outrances musculaires extirpent le réel sans
s’en détacher.
Ses photographies sont des
instants capturés à l’aide de son smartphone sans arrangement,
détournement ou quelconque retouche. Une
occasion de contempler poétiquement l’ordinaire des personnes et des lieux
au-delà du protocole du regard.
Fasciné par la tension
dialectique entre le visible et l’invisible, l’artiste
confronte les techniques pour installer ses expérimentations. Ses œuvres ont un
réel point commun ; le primat de l’expérience sur
l’œuvre, entre l’intention et l’aléatoire, sous forme d’abstraction gestuelle.
« Traduire
par l’abstraction mes thèmes actuels que sont les migrants, l’égalité des
sexes, l’abandon des religions, l’argent, la mort, la beauté, la souffrance, la
liberté… me permet de transcender mon ressenti par des réalisations sincères et
sans bornes. »
Le travail de Paul-Yves Poumay est
une part naïve et assumée à la force libératrice. Sa virulence se situe
dans le franchissement de la norme, dans la transgression. Il sait doser ce
subtil mélange brut et fragile pour rendre accessible l’art et le rendre
participatif pour la bonne cause.