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Rimvydas Pupelis, le chaos du destin


L'amour quand tu nous tiens 4, peinture à l'Huile, 90 x 100 cm

 Il peint à l’huile et à l’acrylique sous le pseudo Muta. Une première pensée dicte son esquisse puis il fractionne et décontextualise pour proposer une véritable remise en cause de toute idée vraisemblance et de proportion.

“Il m’arrive parfois de laisser libre cours à l’expression que j’appelle le chaos du destin.”
Dans son agencement bouleversé, il trace les lignes, les courbes, pose les limites, créé son propre ordre. Il fait l’inventaire des errances, des hasards. Une manière de dompter la fuite et la persistance de l’inconnu qui s’appuie pourtant sur le réel. Car Rimvydas Pupelis travaille d’après des modèles vivants.

« Les modèles enrichissent mon travail en formes et en couleurs, ce ne sont jamais les mêmes. A chaque fois ensevelis d’une lumière différente, ils donnent une multitude des nuances pour comprendre ce qu’est un homme et une femme. »
La lumière devient matrice de la représentation qui absorbe le réel dans la fragmentation et l’informe. Dans la composition, l’enfouissement du réel est en quelque sorte une intériorité de la réalité. Son indice s’en sépare pour devenir autonome. Quelques éléments de la nature tels que la pomme se distinguent de façon récurrente. Ils introduisent des signes qui permettent d’établir des comparaisons entre l’espace de la représentation et la réalité.

Non assujetti à l’imitation fidèle du réel, l’artiste reconstruit en éliminant les détails et en simplifiant les formes. Les corps, libres dans le mouvement, sont soumis à des épreuves sensibles. Ils sont géométrisés, déformés, décomposés et réassemblés en une composition abstraite. Les lignes dures, anguleuses et brisées multiplient les points de vue. Les détails juxtaposés ou enchevêtrés affranchissent la perspective pour donner une importance prépondérante à l'éclatement des volumes en deux dimensions.  

La recherche plastique fait référence au renouvellement de la représentation, celle d’une expérience contemporaine du visible sur les traces du cubisme.
« Il n’y pas de période post-Picasso, l’artiste est si grand ! J'ai remarqué que peindre sur les traces du cubisme unit la plupart de mes forces spirituelles et matérielles à la création. Le cubisme permet d'aller au-delà des dogmes classiques établis. Il permet de se déplacer librement dans l'espace de représentation, et surtout, de sentir le contact des couleurs. »

Sur la surface, la couleur fait avancer les volumes. Le bleu, le rouge, le vert, le rose, le violet… engendrent des effets chromatiques d’une grande vitalité.
« Chaque couleur incarne un sentiment diffèrent, à travers duquel j’essaye de toucher l’esprit du regardeur. Devant chaque couleur, nous devons vivre un moment intense de réalité. »

Ses séries récentes travaillent des espaces unifiés, plus homogènes avec des figures humaines concentrées sur des fonds unis. Le fragment se concentre autour du plus intime.
« La fragmentation me permet d’atteindre la liberté intérieure. Devant chaque modèle, j’essaye de trouver ce qui se cache derrière la forme visible pour le refléter sur la toile afin d’établir le lien avec le spectateur. »

Les œuvres de Ruimvydas Pupelis multiplient le potentiel narratif.  C’est une tentative d’évasion, une ouverture de perspectives, la poésie d’un espace de liberté où l’équilibre semble pouvoir basculer à tout moment. Cette relation au monde, jamais figée, nous laisse multivalent devant l’ordre des choses.