Dominique Joyeux savoure les
circonstances involontaires de la création pour élaborer une œuvre aux
dispositifs sériels inspirés par la théorie des ensembles.
Son geste
exige la méthode mais assume le hasard et l’imprévu. L’artiste peint sur
toile, bois et carton, à
l’acrylique et à l’huile sous l'influence narrative d’un
surréalisme revisité.
On y retrouve des
formes simples et géométriques : le disque, le cône, le triangle… Ces éléments en mouvement se combinent pour prendre la
forme d’entités abstraites colorées, entrelacées ou autonomes « conçues comme des cellules vivantes
qui se cooptent, communiquent. »
La pureté du
vocabulaire plastique, renoue avec la nature originelle et participe au
questionnement du cycle du vivant.
« La vie m’inspire ! La naissance, la microbiologie, la vie
marine, les continents, les échanges humains, les émotions… »
À la lisière du domestique et de l’inconnu, ce désir de ressentir
la force des éléments et ses répercussions sur l’humanité s’inscrit peu à peu vacillant, mouvant dans notre espace mental.
Des représentations imbriquées dans la composition surgissent comme par
enchantement lorsque l’on apprête le regard. Un homme, une femme, un navire, un
poisson, une fleur… Nos yeux s’écarquillent et notre
vision se trouble entre la vue de l’esprit de l’artiste et notre fascination
subjective. Du surgissement de l’image à la
dissolution de son interprétation, la projection construite se remet en cause. Ces images
fugitives poussent à imaginer d’autres univers au cours d’un voyage dans lequel tout se transforme.
« Je fais
référence à mes voyages qui m’ont permis de m’ouvrir à d’autres mondes et
rencontrer ce qui fait de nous un être humain au-delà des différences ;
mais aussi au voyage intérieur, à la rêverie, et au cheminement
personnel. »
Cette invitation enchantée à apprivoiser l’évanescence est appuyée
par une palette particulièrement rayonnante. Couleurs vives, couleurs douces, camaïeux… Les
tonalités se heurtent et s’équilibrent harmonieusement en intégrant
parfaitement les motifs et le fond.
Submergé par la palette chatoyante, le processus progressif de
fragmentation des formes colonise l’étendue de la toile. La masse vibrante et expansive
participe à une sensation de spatialisation discontinue qui laisse imaginer que
tout peut se déployer encore sur le fil de la vie et du temps.
Car il est question de la concentration d’un instant, du décalage temporel.
« Le fait d’évoluer
sans cesse dans des espaces différents a contribué à modifier mon rapport au
temps (…) Lorsque j’ai quitté la métropole pour vivre sous les Tropiques puis
dans le Pacifique, le rapport obsessionnel que j’avais avec le passé, le temps,
la durée, s’est évanoui. »
Les compositions de Dominique Joyeux proposent leur propre traversée sur
les chemins du temps. Elles offrent une perspective ouverte et ondulante, un espace
possible vers une forme vivante du merveilleux.