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Dominique Joyeux, une forme vivante du merveilleux.



 
0CEANIA, huile (100/146)

Dominique Joyeux savoure les circonstances involontaires de la création pour élaborer une œuvre aux dispositifs sériels inspirés par la théorie des ensembles. 

Son geste exige la méthode mais assume le hasard et l’imprévu. L’artiste peint sur toile, bois et carton, à l’acrylique et à l’huile sous l'influence narrative d’un surréalisme revisité.
On y retrouve des formes simples et géométriques : le disque, le cône, le triangle… Ces éléments en mouvement se combinent pour prendre la forme d’entités abstraites colorées, entrelacées ou autonomes « conçues comme des cellules vivantes qui se cooptent, communiquent. »

La pureté du vocabulaire plastique, renoue avec la nature originelle et participe au questionnement du cycle du vivant.
« La vie m’inspire ! La naissance, la microbiologie, la vie marine, les continents, les échanges humains, les émotions… »

À la lisière du domestique et de l’inconnu, ce désir de ressentir la force des éléments et ses répercussions sur l’humanité s’inscrit peu à peu vacillant, mouvant dans notre espace mental.

Des représentations imbriquées dans la composition surgissent comme par enchantement lorsque l’on apprête le regard. Un homme, une femme, un navire, un poisson, une fleur… Nos yeux s’écarquillent et notre vision se trouble entre la vue de l’esprit de l’artiste et notre fascination subjective. Du surgissement de l’image à la dissolution de son interprétation, la projection construite se remet en cause. Ces images fugitives poussent à imaginer d’autres univers au cours d’un voyage dans lequel tout se transforme.
« Je fais référence à mes voyages qui m’ont permis de m’ouvrir à d’autres mondes et rencontrer ce qui fait de nous un être humain au-delà des différences ; mais aussi au voyage intérieur, à la rêverie, et au cheminement personnel. »

Cette invitation enchantée à apprivoiser l’évanescence est appuyée par une palette particulièrement rayonnante. Couleurs vives, couleurs douces, camaïeux… Les tonalités se heurtent et s’équilibrent harmonieusement en intégrant parfaitement les motifs et le fond.
Submergé par la palette chatoyante, le processus progressif de fragmentation des formes colonise l’étendue de la toile. La masse vibrante et expansive participe à une sensation de spatialisation discontinue qui laisse imaginer que tout peut se déployer encore sur le fil de la vie et du temps.

Car il est question de la concentration d’un instant, du décalage temporel.
« Le fait d’évoluer sans cesse dans des espaces différents a contribué à modifier mon rapport au temps (…) Lorsque j’ai quitté la métropole pour vivre sous les Tropiques puis dans le Pacifique, le rapport obsessionnel que j’avais avec le passé, le temps, la durée, s’est évanoui. »
Les compositions de Dominique Joyeux proposent leur propre traversée sur les chemins du temps. Elles offrent une perspective ouverte et ondulante, un espace possible vers une forme vivante du merveilleux.