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Guy Delaroque, nudité abstraite



ap19-1-2.jpg (2019)

65x50x2 cm ~ Peinture, Acrylique


Guy Delaroque considère le corps comme principal véhicule de l’expérience picturale. Il nous installe dans l’intime en nous proposant une lecture abstraite du nu.

Il réalise ses croquis à la pierre noire, peint à l’acrylique ou l’aquarelle sur toile en se pliant aux exigences de l’éclatement du point de vue, de la simplification des volumes et de la dépersonnalisation de l’individualité. Des lignes, des courbes, des aplats en noir et blanc surgissent telles des figures transformées dans leur propre chair en champs ouverts. Ce sont de parfaites abstractions que le spectateur reste libre d’interpréter.

Ce processus de libre interprétation des réalités distinctes fabrique le trouble, la contradiction et vise le choc visuel. 
« La fragmentation, la superposition du corps et de ses parties me permet de braver les interdits moraux, hypocrites et puritains actuels. »
Le procédé laisse présager une ouverture, un espace du possible, un lieu de liberté poétique opposé à la rigueur classique et académique.

Guidé par l’aléatoire, son tracé intentionnel se retrouve dans cette volonté de ne pas arrêter les formes, de les garder au plus près de leur surgissement. Le peintre engage le geste de sa main dans une action pour conserver les traces. Les nus révèlent certaines parties du corps notamment le visage, le sexe et la main de l’artiste que l’on devine.

Le cheminement transpire, s’étale, prend largement possession de l’espace en dépassant les frontières visibles de la silhouette. Il donne à voir une vision organique comme vue de l’intérieur. Le morcellement exprime l’éclatement de la perception et l’abandon de la ressemblance au profit de l’essentiel.

Le noir et blanc ne fait qu’accroître le secret. Entre la lumière, la vérité, la beauté, le rêve et l’amour, il participe à l’invisible, au caché, à l’insaisissable, à l’inconnu. Cette dualité marque cette suspension temporelle où tout peut surgir. Un espace, un silence, un antre magique où tout se crée.
« Depuis l’antiquité le corps féminin est sacralisé ; pour moi c’est le lieu de la création. »

L’artiste entretien une relation particulière avec son sujet.
 « Immédiatement après le dessin, je ne peins pas ce que j’ai vu mais ce que j’ai ressenti avec le modèle. » 
Le jeu et la fascination qu’il instaure pour son modèle pourraient s’identifier à l’exercice du journal intime, laissant apparaître la puissance poétique de sa relation avec la personne qui pose pour lui et des secrets qu’il souhaite révéler. 
 « Je recherche l’osmose avec mon modèle pour avoir son amitié, sa chaleur humaine et des échanges d’une liberté d’expression totale. »

Guy Delaroque ré-enchante le corps avec incarnation et nous le donne à voir comme une présence, comme une trace tangible. Notre regard ne se concentre pas tant sur la représentation dissoute mais sur le processus de création lui-même guidé par la pulsion, l’énergie de l’artiste.