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Sylvie Loudières, la variation des possibles

 
L'habit rouge, sculpture en carton, technique mixte (enduit, acrylique, chaux et pigments), 86 x 25 x 4 cm


Elle oscille entre les procédés et les techniques. La peinture comme la sculpture sont pour elle deux moyens distincts de réflexion, d’expression et de renouveau.

L’œuvre de Sylvie est un espace en expansion, basé sur la sensation. Ses compositions abstraites sur toile sont issues de son imaginaire et laissent parfois jaillir des surgissements et des évanouissements tels que des silhouettes, des personnages. Avec leurs potentialités de conviction, d’errance et d’illusion, ces apparitions anthropomorphiques sont autant de présences, de moyens d’expressions ayant le pouvoir de suggérer plus que de montrer.
« Mes inspirations sont souvent intimement liées aux relations humaines, au questionnement de la place de l’homme dans notre société. »

L’artiste questionne à sa façon l’identité, le statut de l’événement ainsi que son apparition figée, comme suspendue dans un état transitoire.
Elle cherche à préserver l’aléatoire tout en le conduisant. La ligne est libre et les harmonies pures. Le geste parfois vertical met l’accent sur l’idée d’ascension spirituelle. Il donne forme à la notion de transformation qui tient d’un état de bouleversement.

Ses travaux sont une véritable variation des possibles. Pour la peinture, elle modifie la chronologie des étapes mais c’est souvent d’abord une question de matérialité. Des strates successives de collages, de cartons recyclés, de marc de café, d’enduits fabriqués... Pinceaux, couteaux, spatules, et autres outils de fortune lui permettent de travailler l’acrylique, les pigments, les pastels, une peinture réalisée à base de chaux, ou de l’encre sur toile, bois, papier et carton.« Je suis très attachée à cette liberté de création où tout est possible. Ce sont mes ressentis et mes envies qui me guident. »

Lorsqu’intervient le travail de la couleur avec des superpositions de couches de peintures plus ou moins épaisses parfois en glacis, elle opère pour le libre agencement des formes et de sa palette. Cet enchevêtrement donne l’impression d’une succession de plans où l’équilibre s’affiche naturellement. Le degré d’abstraction n’est pas arrivé par hasard. Avant le figuratif était présent et à laisser sa place…
« A un stade de ma vie, j’ai dû sortir d’un chaos, d’un burn out. L’abstrait est venu naturellement avec ce besoin de créer mon monde, de rêver, de m’évader, de m’éloigner d’une certaine réalité ; un exutoire en quelque sorte, une thérapie ! »

Lorsqu’elle sculpte, c’est avec une matière de prédilection : le carton. Ses pièces à l’identité propre et au caractère naturel, offrent un design épuré, brut, jouant du banal avec esthétisme. La fragilité du matériau se concentre dans la puissance de la forme. Les sculptures sont travaillées sous un angle géométrique. Elles questionnent et exécutent la matière avec des cavités béantes ou obstruées, des cadres, des volutes. Cette alternance de pleins et de vides offre une ambivalence du regard.

Sylvie Loudières ne renie pas son influence pour Zaowouki, Willem De kooning, Hanz Hartung, Antoni Tàpies, Paul Klee, William Turner, Jean Fautrier, Joan Mitchell ou encore Gustav Klimt. Par cette délicatesse qui lui appartient, elle théâtralise la forme et la matière avec l’envie de nous surprendre. C’est en traçant ses directions qu’elle participe à une appréhension polysémique de l’œuvre d’art, laissant émerger la signification graduellement.