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Aliette Duroyon, architecture poétique de la mer





Avec de nouvelles empreintes naturelles et délicates, minérales et organiques, du commun et de l’inconnu, du permanent et du provisoire, l’artiste poursuit son témoignage sur la préservation de la nature et du monde marin.

Le lieu est une essence contextuelle, il demeure un ancrage prédominant pour son inspiration née de promenades sur les plages de la côte d’Opale à Hardelot, Fort Mahon, Wimereux, Le Touquet, sur les baies d’Authie et de Canche. Pour réaliser ses œuvres sculpturales, Aliette ramasse et assemble des couteaux de mer, des écorces d’arbres, parfois une gorgone en forme d’arbre vient s’immiscer comme témoin de cette nature délicate…

Plus récemment pour une nouvelle série, des coquilles Saint-Jacques,  une libellule et des papillons font partie de la composition.
 « Je renoue avec une passion d’enfance, la collection de papillon, née dans voyage en Angleterre où j’ai visité une ferme aux papillons et ramassé quelques spécimens sur le sol, tant de beauté qu’il fallait préserver (...) symbole de liberté et de changement que la nature exige. »
On retrouve également des algues peintes, des végétaux de son jardin. Les coquilles de Saint-Jacques plates sont des Amussium, originaires du Pacifique.
« Dans la nature tout est lié, le minéral, le végétal et l’animal et j’essaie dans ce travail de recréer l’unité, de prolonger le vivant, laisser une trace. »
Aliette fait surgir une part du merveilleux qui demeure. Elle redonne à la nature son relief et ses particularités. C’est un rêve en devenir, tendu des profondeurs de la mer vers le ciel.
Les pièces à l’esthétique brute et épurée sont travaillées sous un angle cellulaire. Elles soulignent une abstraction géométrique sérielle d’une forme circulaire qui renforce l’impression de cycle et de temps immuable.

Une autre déclaration sur l'éloge de la fragilité et du transitoire est destinée à des installations telles que « L’envol » composée d’avicules géantes ou « La Mer » construite avec des ormeaux arc-en-ciel qui évoque l’œuvre « Dali à six ans soulevant avec précaution la peau de l'eau pour observer un chien dormir à l'ombre de la mer. »
Celles-ci permettent à l’artiste : « de modifier l’espace afin que les coquillages changent notre perception et notre regard (…) pour parler d’un sentiment joyeux, idyllique presque magique avec les éléments et soi. »

Les installations donnent une forme plastique indicielle en créant une architecture poétique de la mer. Elles indiquent un chemin vers l’infini, bercé par une appréhension rythmique de l’espace tel un acte librement et résolument interrompu, à l'image de la nature. Elles nous permettent d’osciller entre le tout et ses parties. Notre conscience se mêle dans un mouvement qui fait se rejoindre macrocosme et microcosme.  Ce va et vient expansif qui peut s’apparenter aux cycles et mouvements de la marée, invite à cerner l’unité inscrite dans la multitude.

Ouvertes par l’artiste depuis 2017, la galerie OYAT à Hardelot accueille ses propres installations  ainsi que des expositions collectives.
 « L’art doit avoir ce supplément d’âme grâce à la synergie avec les autres arts et les autres artistes. »
La dynamique de recherche d’Aliette répond à une véritable éthique personnelle environnementale ; celle d’une amoureuse de la nature, habitée par l’idée de rendre permanent les états les plus éphémères, les plus évanescents.