Glissade - gouache et collage |
Dans son parcours artistique, en parallèle de ses portraits et scènes de vie, l’artiste travaille dans la continuité des œuvres qui conjuguent les espaces discursifs à travers les ouvertures.
La fenêtre est un point focal que l’on
retrouve dans chaque œuvre. Elle cadre le dedans et le dehors, les pleins et les
vides qui dessinent l’environnement de la scène.
Ce sont des espaces à vivre intérieurs,
des natures mortes, des vues extérieures des villes dominées par des immeubles,
et autres tours pêle-mêle.
Valentine peint très souvent en
s’approchant de sa fenêtre sans vis-à-vis au 5e étage de son
immeuble situé dans le 14e arrondissement de Paris. Là-même où
l’architecture d’ensemble apparaît tel un aménagement hétérogène,
avec ces espaces tracés spontanément et sans hiérarchie. La
perspective des façades n’est jamais pareille et les lignes comme les
angles surgissent de façon inattendue.
La peintre s’emploie à faire parler
l’architecture et ses propriétés pour leurs capacités à réfléchir notre rapport
au monde. Cette expérience de la ville et ses lumières restitue à chaque fois
une réalité tangible qui flirte avec le document. Pourtant elle conduit aussi
vers des perturbations optiques altérant la vision. Bien que la dominante du
trait soit réaliste, des écrasements de plans, des inversions d’espace nous
font douter. Ce qui est devant passe derrière et vice-versa, tout dépend de la
manière dont on se focalise dans ce scénario à choix multiples.
A la gouache, à l’acrylique, à l’aquarelle
ou à l’aide d’une technique mixte, les œuvres s’essaient à rendre compte d’une
somme des possibles en peinture et proposent chacune à leur façon une traversée
du regard. La fenêtre insert une distance expressive avec des effets de
travelling qui poussent à voir plus près, plus loin, plus haut, plus bas. Il y
a presque toujours pour soubassement une chose vue ou perçue. Les mouvements,
les reflets, se laissent immerger. Ces ouvertures permettent de se caler avec
subtilité, aux contextes, aux expérimentations et, surtout, aux intuitions.
Volubile, discursive et poétique,
cette sélection d’œuvres est une fenêtre ouverte sur le monde. Elle dessine un
paysage sensible avec ses
morceaux de temporalités. Le temps s’étire. C’est celui d’hier et
d’aujourd’hui. Valentine Clouët des Pesruches nous propose une captation du
sensible ressenti comme un pur moment d’évasion et nous invite à traverser de
l’autre côté, au-delà du réel en renforçant cette impression de temps immuable,
d’un passage intemporel de l’espace et de la lumière.