Christophe est artiste-peintre autiste, Il ne parle pas
mais s’exprime au travers de sa peinture depuis l’enfance. Ses dernières séries
sont réalisées à l’acrylique sur toile à l’aide de ses mains et ses doigts.
L'acte de peindre est un désir spontané qui
l’apaise. Christophe peint souvent très vite. Entre l’intention et l’accident,
sous forme d’abstraction gestuelle, c’est son mouvement qui prime.
Pour
un contact plus direct et plus manuel avec la peinture, il peint à l’aide de
ses doigts. Son procédé dévoile un foisonnement de touches hiérarchisées, d’une
certaine force libératrice.
Sensible à la danse, Christophe visionne des
spectacles chorégraphiques à la télévision, dans des revues, les livres d'art
et reproduit des figures en mouvement.
Dernièrement,
il choisit de délaisser le figuratif pour s’engager dans une voie plus
abstraite. Sous une pulsion de vie, sa peinture s’ouvre, joue sur les bords,
sur l’hors-champ et envahit toute la surface, aux confins de la toile. Une
forme d’automatismes homogènes laisse jaillir le chaos puis s’ordonne.
Comme les mouvements des corps et des figures qu’il aime peindre, ceux de l’eau, des vagues, des tsunamis le fascinent autant. Christophe s’inspire aussi des fleurs. Ses dernières toiles abstraites explorent une réalité pour mieux s’en affranchir. Elles reproduisent son propre monde. Un territoire où son paysage mental semble se sillonner en même temps qu’il l’esquisse.
Les
œuvres revendiquent la force imageante. Elles rendent énigmatique l’évidence de
la représentation mais nous englobent pourtant dans un voyage avec quelques
repères ; un visage, un œil… La charge poétique se construit selon
l’imaginaire de chacun.
Le bleu est récurrent, aux côtés du noir et
du blanc. Cette dualité que le peintre aime travailler ne
fait qu’accroître le secret, entre la lumière et l’ombre, le visible et le
caché, l’insaisissable et le connu. Le surgissement se construit ainsi dans une
révélation graduelle.
Les récits se déploient sous des effets de textures, d’empâtements
par ajout et retrait.
Les strates se superposent, se
combinent, s'entrelacent. On ressent sous les doigts de
Christophe la puissance du vent, les changements du ciel, le renouvellement
continu des vagues, la violence et la beauté sauvage des éléments déchainés. La
nature et ses tourments vacillants, mouvants et vivants préservent une partie
de leur mystère.
L’artiste
dose ce subtil équilibre brut et fragile, calme et tumultueux à la fois, sous un mélange de
violence et de douceur, de brutalité et de grâce. Appréhender ses travaux est une
véritable expérience phénoménologique qui témoigne d'une attention
dédiée au sensible, aux portes de l'émotion et du rêve.