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| Le Plan de la Plagne, 30X45, Arches3 00 g satiné, 2ème prix du public salon des peintres de montagne Champagny en Vanoise 88 |
Portée par
les forces de la nature, Isabelle Desse peint les paysages de sa région ;
la Savoie, entre la restitution
du réel la curiosité d’un ailleurs.
Elle envisage la création comme un acte apaisant et préfère participer au
rêve en montrant ce qui est beau : « les
paysages de neige pour leur délicatesse et leur graphisme épuré et ceux des
autres saisons pourvu que le rêve y soit de mise. »
Isabelle peint la montagne où elle a choisi de vivre. Une nature
toujours plus insaisissable. Massifs, vallées, cours d’eau, petits villages et chalets isolés s’offrent
à elle et lui permettent de faire rimer composition avec exploration.
L’artiste a une passion particulière pour l’aquarelle mais elle
utilise parfois l’huile et l’acrylique. Lorsqu’elle commence à peindre, malgré
la précision de son geste et du détail, elle ne perd pas l’idée de se détacher
du précis et de donner libre cours à l’incertitude du trait. Pour ce faire,
elle utilise des effets particuliers. Ce sont des impressions d’effacement, de
disparition, de vibration du relief ; des voiles qui dévoilent et révèlent.
« Des effets de transparences, de
fusions, obtenus par la présence de l'eau en aquarelle ou les glacis en
peinture à l'huile ou à l'acrylique… Là j'ai le sentiment d'avoir atteint mon
but en laissant place à l'imagination du spectateur. »
Comme la couleur, la transparence participe à la
déconstruction et la réapparition de traces. Ce procédé soutient et relie d’authentiques correspondances visibles.
Entre fluidité et révélation, la composition, d’apparence labile, est
particulièrement surprenante. Certains éléments apparaissent progressivement :
une cime à travers un nuage, une brume sur un lac, une lumière passagère…
Entre le discernement et sa transformation, l’illusion s'ajuste puis se trouble. La peinture d’Isabelle
invite à un cheminement personnel qui permet d’appréhender l’indice. Elle
montre, parfois suggère en se nourrissant de la perte des repères.
De la netteté au flou, du visible à l’invisible, on contemple, ralentit, se
questionne et s’abandonne à la surprise picturale dans un cadrage
fasciné.
La sensation diffuse est un chemin qui parcourt plusieurs territoires ;
le dessin, la ligne et de la couleur. La peintre multiplie les combinaisons. Sur
un papier de coton, elle travaille son ébauche au crayon, puis détrempe le
papier avant de poser la couleur. Contrastes, fondus se gèrent avec les apports
d’eau supplémentaire. Couches sur couches, un continuum de strates, de
tonalités distinctes, participe aux contrastes et aux contours. Les détails
sont réalisés lorsque le papier est sec.
Isabelle Desse reconstitue la nature avec sa propre matérialité. Des
paysages narratifs infinis, aux topographies sensibles qui s’arpentent du
regard en nous invitant à découvrir les indices les pus ténus comme autant de potentiels
de transformation.