« J’aime
l’ambiance des cafés, cet assemblage de convivialité, de discussions et
d’individus silencieux. »
Le café favorise l'échange, la sociabilité, c’est le miroir de notre monde.
C’est un lieu ouvert sur la rue avec son espace de liberté et de libre
expression. On s’y rend pour être entouré, pour rencontrer, réfléchir, rêver,
lire, écrire. C’est un endroit où l’on se donne à voir aux autres, où l’on se
met en scène soi-même. Tournant
le dos aux approches dualistes du monde, l’artiste y étudie le continuum pertinent entre
l’environnement et l’intime, entre l’espace public et l’espace privé ; là-même
où se déroule la vie.
« J’aime ce qui
est la vraie vie : la relation entre les êtres. Les cafés me permettent de dire
cela. »
Jean-Paul peint l'ambiance particulière que l'on vient chercher dans ce lieu
où le degré de distance et de proximité se revisitent. Sur sa toile, l’échelle
spatiale réduite applique son point de vue sur cette approche sociétale. Le
peintre rend compte de la
manière dont chacun investit l’espace par son comportement. Dans ce lieu confiné,
la
diversité humaine est large, les trajectoires personnelles nombreuses.
Deux amis partagent une bière, un homme une rose à la main, une
bouteille de vin dans l’autre, déclare à sa compagne un message que le spectateur invente à sa guise, une
cliente solitaire attablée semble passer le temps derrière son smartphone...
Chaque scène détaille avec une certaine minutie figurative des échanges de
regards, de sourires, de rires, de gestes de mains, de mouvements de solitude… On
se regarde par curiosité, par réflexe. Les attitudes sont sereines, joyeuses, les
interactions amicales et répétées. Certaines plus silencieuses, nous invitent à
entrer dans le for intérieur des
personnages.
Malgré la pluralité des correspondances narratives, une certaine
homogénéité se ressent dans l’atmosphère pénétrante et perceptible servie par une technique
complexe de peinture à l’huile au
couteau. Elle est renforcée par le choix de la palette vive et chaleureuse.
L’expression des individus prend toute son
ampleur par la couleur et le jeu d’ombres et de lumières qui laisse l’inattendu
s’extraire. Les
sensations vivantes, palpitent, se condensent. L’intuition d’un récit se forme.
En
terrasse ou en intérieur, un tableau, un graffiti apparaît en second plan.
L’artiste absorbe le graphisme de son
temps pour l'intégrer à sa composition.
Jean-Paul Schmitt s’insère en tant qu’observateur discret et ne
semble pas justifier sa présence à ses modèles. Son geste est libre, au service
de la figuration de la scène. Il travaille la consonance vécue et nous impose sa temporalité. Ses
scènes de cafés s’inscrivent dans une certaine forme d’universalité, de
souvenirs individuels et communs à chacun. Son audace est là,
dans ses allers et retours, entre sphère individuelle et collective.
Jean-Paul Schmitt expose
du 16 au 23 juillet 2020
à la Galerie 41
41 Rue Saint-Georges, 69005 Lyon