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Hervé Fayolle, espaces convergents

 

Vahlalla - 150x100 - acrylic 2020

Ses œuvres jouent des conventions d’espace et de temps. Ce sont des représentations narratives réalisées en équilibre constant entre le hasard et la maîtrise du geste.

 

A l’aide de pinceaux, spatules, rouleaux, fourchettes et ses mains, l’artiste peint à l’acrylique sur toile. Il ajoute ensuite : médium, sable, sciure, spray, glacis, filasse pour travailler l’épaisseur et la matière. Après une première ébauche sous forme de création automatique, il utilise l’encre de Chine noire pour redessiner les formes en continu et leur donner sens.

 

Dans cet agencement bouleversé, il trace les lignes, pose les limites, créé son propre ordre, faisant l’inventaire des errances et des hasards. Une manière de dompter la fuite et la persistance de l’inconnu.

« Il est impossible pour moi de concevoir un travail à l’aide de taches de couleur brutes sans réorganiser les formes avec le dessin. C’est la raison pour laquelle je n’aime pas le terme abstrait. »

 

De la surface jaillit le réel, par indices ; ce sont des visages, des corps enchevêtrés… Autant de représentations non assujetties à l’imitation fidèle de la réalité. Libres dans le mouvement, les figures sont soumises à des épreuves sensibles, géométrisées, déformées, décomposées et réassemblées.

« Mon travail consiste à réorganiser des formes que l’on n’appréhende pas au premier regard. Je suis un peintre expressionniste, figuratif. »

 

La couleur fait avancer les volumes et engendre des effets chromatiques d’une grande vitalité.

Pour le peintre, la forme est aussi importante que la couleur. Même si ses travaux récents sont traités en bichromie sous des tonalités noires et blanches avec quelques apparitions chatoyantes telles que le rouge par endroit. Dans ce terrain bouillonnant d’expérimentations, le procédé s’exprime sur petit et grand format dans un mouvement ondulatoire.

 

Le déroulement de la composition laisse libre court à la hiérarchie de lecture laissant chacun recomposer mentalement et de façon autonome le récit. Les œuvres multiplient en effet le potentiel narratif. Le langage spontané du tracé systématique se construit selon une multitude de juxtapositions de scènes aux détails minutieux qui puisent leur inspiration dans le mystique et le surnaturel.

« Ce qui est inexplicable m’intéresse. Je pioche dans la mythologie, la religion, la science-fiction et particulièrement auprès d’auteurs tels que Franck Herbert, Philip K. Dick, Robert Silverberg ou encore le Comte de Lautréamont. »

 

L’artiste brouille les pistes. Son témoignage artistique se déploie patiemment comme une histoire sans fin où l’espace-temps n’a plus de repères.

 « Les lignes sont en réalité des boites transparentes qui simulent des espaces convergents et divergents qui se superposent et s’interpénètrent. »

Hervé Fayolle fabrique en traversant un continuum de strates ; là-même où la question de la concentration de l’instant, du mouvement, du décalage et du suspend reste primordiale.