Le chêne enraciné (encre et lavis sur canson) - 2020 |
Issu du dessin et de la peinture classique, le peintre a découvert dans la technique du pastel sec et de l’encre un nouveau terrain d’expression.
Ses travaux nous placent dans un sentiment confortable et contemplatif. La contemporanéité de son œuvre se situe dans cette virtuosité alchimique d’équilibre de gestes, de techniques distinctes qui associent des couches de pastel et des effluves d’encres lui permettant de saisir un état des choses, des personnes et de l’environnement observé.
Jean-Jacques travaille par thématique. Il dessine des portraits d’après modèles vivants, reconstitue des paysages inspirés de photographies… En explorant l’intime d’un environnement ou d’une figure humaine, sa manière pointe la poésie, laissant systématiquement surgir son imaginaire. Ses traits réalistes parfaitement identifiables s’enfuient vers une certaine abstraction pour devenir plus autonomes et libres.
« Mon travail est une évolution continue vers le moins figuré. »
L’artiste aime parfaire sa technique avec de grands pastellistes et aux côtés d’un peintre renommé pour perfectionner ses encres. La plupart de ses fonds sont réalisés au lavis. Puis au pinceau ou au calame, il dessine, reprend, superpose, travaille la lumière et les transparences, méthodiquement présentes dans les masses. La délicatesse de son trait témoigne de la qualité de ses compositions.
« Le dessin est la base de toute création. »
Il s’agit d’explorer le lien du dessin à l’événement. Autrement dit, la vie telle qu’elle se déploie devant lui ; avec ses rythmes, ses accidents et ses surprises.
Avec le pastel, sa palette se restreint mais laisse apparaître des touches vives et colorées par endroit. A l’encre, il travaille des lavis bruns, bleus, camaïeux, du brou de noix. Ses travaux récents se concentrent sur des tonalités grises et noires.
« La densité des noires, des plus foncés au plus intermédiaires participe à cette impression de profondeur. »
Certaines œuvres sont réalisées sur papier mouillé où les tâches et autres gouttes sont travaillées comme des évanescences. Parfois le relief s’accentue avec une technique plus mixte à où le fusain et l’acrylique accompagnent le pastel et les encres, laissant apparaître un paysage glacé.
Des paysages d’hiver aux arbres dénudés, un soleil couchant du midi, une plage abandonnée, l’eau dans tous ces états… Les atmosphères sont douces, paisibles. Certaines délivrent un sentiment plus mouvementé, laissant transmettre une impression de vent sous une Bourrasque déchaînée.
D’autres plus oniriques comme La ronde des arbres nous aspirent vers une spirale presque abstraite de végétaux envolés. Un jeu entre surgissements et disparitions résolument souhaité.
L’artiste regarde les arbres avec une intention profonde de montrer le visible derrière l’opacité. Les rendus de lumière sont toujours privilégiés. En retranscrivant ce que le réel lui inspire, il reproduit avec une intensité picturale les effets de la nature. Son degré d’abstraction préserve la structure apparente de l’arbre et ses reliefs en mettant l’accent sur les pleins et les vides.
Les travaux de Jean-Jacques Navarro suscitent des effets sensoriels apaisants, de recueillement, d’évasion et de contemplation naturelle.