Egon Schiele, acrylique sur bois 70 x 50 cm |
François Plumart revendique la force imageante du portrait en laissant surgir le figuré du diffus. Cette hiérarchisation de la perception fait se côtoyer différents espaces et différents temps, conciliant passé et contemporanéité.
« Le lien entre tradition et modernité est très fort dans mon travail. Je le retrouve en utilisant des techniques associant marouflage et colle de peau comme pour les icones, des recettes de variantes de peinture à l’œuf, de l’huile et de l’acrylique, en cherchant d’abord les lumières et les surfaces avant de poser mon dessin. La qualité du support détermine l’effet pictural et la pérennité. »
L’artiste semble happer par l’histoire de chaque personne qu’il dessine. Il peint simultanément à l’aide de ses deux mains et magnifie le portrait en sublimant ce qui se dérobe sous nos yeux ; un regard, un détail du visage, les mains (très récurrentes dans son œuvre.) Autant de présences et de signes qui s’effacent et que l’on doit décrypter avant la disparition.
François travaille le fond de façon diffuse, laissant flotter sans attaches le portrait dans une stratosphère poétique. Entre le fond et la forme, la figure s’abstrait de l’irréel.
« L’acte de création part du chaos avant de dévoiler le vivant, la vie est donnée par la vibration entre ce qui est et ce qui n’est pas encore, une recherche d’équilibre dans le déséquilibre, du flou vers le net. »
Par ce procédé, une tension dramatique glisse du fond vers le détail, permettant à l'anecdotique de devenir signifiant.
Les jeux de lumières et de contrastes sont privilégiés. Cette mise en valeur superpose le noir et le blanc pur et sans mélange afin de tendre vers une polychromie aux effets colorés issue des deux tonalités opposées. Celles-ci renforcent la dualité choisie entre figuration et abstraction.
« La figure humaine concentre toutes mes préoccupations. A l’opposé de mon travail sur le fond, le portrait implique une liberté à trouver dans les contraintes les plus absolues. »
Tout autour de la figure, une atmosphère abstraite se déploie. Les traces visibles, jamais récurrentes révèlent une évidente lucidité du portrait et une puissante aspiration vers la fragmentation de l’environnement, qui s’apparente à celle du néant. Le connu se transforme et devient autre, dans les plis du réel où réside le mystère.
Dans une continuité d’un temps d’hier et d’aujourd’hui, François Plumart s’approche du réel pour capturer le fugace. L’essence même de la pérennité de son trait réside dans cet équilibre délicat de l’immuable et éphémère.