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Nadine Vitel, ce quelque chose de familier

Soleil couchant

« Ce que j'aime avant tout c'est peindre le mouvement, la vie ! » 

Du figuré à l’abstrait, de la couche supérieure à la couche inférieure, on traverse plusieurs mondes devant les toiles de Nadine Vitel. Danseurs, musiciens, animaux, scènes de sport hippiques, cyclisme, tauromachie...  Ses travaux s’envisagent comme un flux de témoignages sur l’activité humaine.  Ils ont cette capacité à capturer, reconstituer une image du vivant, le fragment d’une scène faisant se côtoyer différents espaces et temporalités.

 

Pour chaque toile, la représentation se fragmente et se rétablit avec une nouvelle lisibilité plus précise. Entre discernement et transformation, l’illusion s'ajuste puis se trouble. Les personnages ont la particularité de ne pas avoir de visages, faisant place à une nouvelle expression abstraite, détachée de la figure. La peintre efface l’identité et matérialise le poids de l’imaginaire en proposant un espace de questionnement authentique sur l’individualité. Chacun est invité à déchiffrer l’expression du personnage dans les interstices de la matière.

« Peindre les visages n'est pas nécessaire pour faire passer une émotion. Chacun peut ainsi interpréter les attitudes comme il le désire. » 

 

Les postures sont rarement posées. En mouvement, elles participent à une impression changeante, une sensation dynamique. Nadine travaille l’acrylique au couteau sur toile pour appuyer la trajectoire et la profondeur. Les tons vifs unis par procédé modelé permettent de donner à la figure une impression de volume en utilisant les valeurs en dégradé. Les fonds sont travaillés par aplats diffus qui s’effacent par touches autour de la scène. L’éclatement de la mise en relief, l’évanouissement de la représentation dans la matière suggère une forme de resurgissement unique.  

 

Si le style est à dominante figuré, l’artiste a choisi d’évoluer vers l’abstraction, prenant le soin d’évacuer ce qu’elle juge de trop ; ce qui pourrait alimenter la dimension narrative de la scène. « C'est un exercice complexe qui demande une technique très particulière. C'est un challenge (…) J'aime faire évoluer ma peinture et je suis toujours en recherche de nouvelles techniques. »

Entre la représentation du vécu et la vue de l’esprit, entre le vrai récit et la fascination subjective, Nadine Vitel souligne les potentialités du réel avec poésie. Son appropriation personnelle de pans de vie illustre une mémoire collective avec ce quelque chose de familier.