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Solange Le Chéquer, glisser vers la rêverie

« J’ai souvent cette impérieuse envie de peindre qui s’impose à moi et que je ne m’explique pas. » Solange Le Chéquer se laisse guider par ses ressentis. La peinture est un désir spontané qui l’accompagne vers un sentiment de bonheur.


Villa Rochefontaine à Ploumanac'h, l'Atelier du peintre, 

2020, huile sur toile de lin, 73 x 54 cm


Sa manière très délicate et fluide de procéder, nous invite à contempler poétiquement un paysage de
Bretagne, une nature morte en nous offrant une lecture sensible d’une scène de vie. L’onctuosité de la peinture à l’huile, la nervosité des brosses, et l’odeur de la térébenthine sont ses moteurs.

« Après une mise en place sommaire par masses de valeurs colorées, je monte la couleur progressivement, à partir d’une peinture diluée au médium 084 de Talens avec de la térébenthine rectifiée, puis au médium pur. »

Cet enchevêtrement donne l’impression d’une succession de plans où l’équilibre s’affiche naturellement. Le degré d’abstraction n’est pas arrivé par hasard. Issue de la figuration classique, la peintre évolue vers un diffus progressif, laissant disparaître le réel graduellement, en s’éloignant de l’imitation pour s’en affranchir.

« Je souhaite tendre vers une figuration plus libre, avec des touches plus diffuses. Essayer de transcrire mes sensations en suggérant une ambiance avec le minimum de précisions (…) Pousser la peinture au-delà de la simple ressemblance. »

L’artiste laisse autant des potentialités de convictions que d’errances et d’illusions. C’est particulièrement visible dans ses derniers travaux ; des scènes marines, des natures mortes où les bouquets de camélias et de pivoines côtoient des araignées de mer, où l’atmosphère des villas et ateliers de Bretagne témoignent de ce procédé pictural qui utilise autant le moyen de montrer que de suggérer.

Dans une harmonie chromatique, Une dimension atmosphérique se dégage. Les tons doux et clairs unispermettent de donner au motif une impression de volume en utilisant les valeurs en dégradé. L’artiste privilégie le rendu de lumière et ses variations continues. Ce réalisme lumineux se retrouve dans l’exercice de la nature morte du 19 e siècle et c’est dans cette trajectoire que se dévoilent les indices de ses compositions.

« Transcrire mes sensations par le jeu des lumières, des reflets, des ombres portées, en particulier dans les natures mortes, que je préfère appeler vies silencieuses. » 

Les travaux diffusent effectivement un climat bercé par le silence. Ils retranscrivent un caractère
contemplatif. C’est une invitation à apprivoiser un moment paisible. Le trait s’effectue entre douceur et apaisement. Ce calme apparent dompte les aléas d’une construction parfois parsemée d’incertitudes.

« Je m’efforce de bannir de ma vie, la laideur, la haine, la violence et tout leur cortège de problèmes (…) Cependant, la création n’est pas sereine. Le doute est là, le découragement parfois mais je persévère pour atteindre ce moment jubilatoire où ma main semble se mouvoir d’elle-même sur le tableau. » 

Solange Le Chéquer a cette capacité à extraire de l’inattendu par son style parfaitement identifiable. Elle a cette aura poétique qui nous fait découvrir des points de vue où la vie peut glisser vers la rêverie.