« J’ai choisi de ne pas déformer le réel afin de laisser toute la force du symbole s’exprimer à travers mon regard sur le monde. Ma peinture est entièrement vouée à la cause humaniste et écologiste. »
L’artiste insuffle à ses compositions réalisme et prospective. Chaque toile délivre un message que chacun pourra ressentir comme une vibration universelle. C’est un exemplaire d'humanité révélé par des êtres anonymes, emblématiques et intemporels. La charge symbolique est soutenue par la persistance d’une aura animée ; un principe d’énergie et de confrontation de forces où les humains plus que la terre et le vent peuvent modifier l’équilibre.
Le dieu Eole souffle sur les destinées, Ouroboros le serpent se mord inlassablement la queue, Gaïa, la terre mère tourne autour de deux entités opposées, ou complémentaires, selon ; une déesse blanche civilisatrice et une autre noire chamanique. Ces acteurs appellent à nos mémoires les gestes ancestraux de notre humanité qui pointent autant les possibilités de malaise que de celles de vie et de liberté. Sous cette tension dramatique, le chaos côtoie l’espoir. Du dedans au dehors, du positif au négatif, de l’ombre à la lumière, la réminiscence d’une mythologie emprunte les formes premières d’un écho habité qui se répète mais peut évoluer.
Les entités matricielles sont construites selon des images qui s’assemblent et se confrontent.
« Elles sont issues de mes intuitions corroborées par la réalité scientifique et factuelle du monde dans lequel nous vivons et de ce que nous en avons fait. »
Les scènes inédites jaillissent de toute part de la composition. L’artiste laisse le monde et les corps se réinventer, muter malgré les récidives. Il promulgue un nouvel ordre où l’élévation par des valeurs humaines et environnementales rythme le devenir.
Dévoué à l’étude de la collapsologie (l’effondrement systémique de notre société thermo-industrielle), le peintre apporte une valeur prospective à son œuvre. Là-même où l’évolution et la transformation de l’humanité pourraient trouver une solution en se détachant de son socle matériel pour transcender vers le spirituel.
« Les civilisations se sont toutes construites par projection, dans l’écoute d’une histoire à laquelle les hommes ont voulu croire. Il s’agit de se réinventer un monde plus beau, plus doux, plus juste, plus respectueux de la diversité et de la vie. »
Le procédé chromatique offre une perspective secrète, la création d’espaces cachés intégrés dans la profondeur. Une sorte de poly-visibilité qui laisse surgir la révélation et la surprise picturale.
« Mon regard est pragmatique comme ma peinture est réaliste. Mais celle-ci donne à voir au-delà de la surface, des filtres. »
Bruno peint à l’huile "Alla Prima", en deux ou trois couches. D’abord les essences diluant les pigments pour souligner les contours des masses et des volumes préalablement dessinés, puis la perspective atmosphérique. Les médiums assouplissant des mélanges colorés plus subtils apportent ensuite les nuances, les détails, les contrastes et enfin quelques glacis révèlent parfois brumes et fumées ou approfondissent les ombres.
Gaïa, terre mère |
La hiérarchisation de la perception se trouble. Le fond et la forme, la base et le sommet ne tiennent plus. Des altitudes aux abysses, ce précipice convoque le vertige et le déracinement. L’illusion aborde l'utopie. Pour le peintre, l’existence d’un monde tiraillé entre le connu et le fantasmé se défend par l’acte créatif.
« Les artistes qui ont un rôle fondamental à jouer dans la transformation de la société et de ses valeurs. Ils sont là pour débrider les imaginaires et proposer d’autres visions. »
La vision à la fois archéologique et futuriste, réaliste et fantastique, télescope les temporalités. Bruno Altmayer relie le passé et le présent à un futur possible. Il témoigne de son indéniable aisance dans la réappropriation des images et des symboles pour fabriquer une véritable esthétique de l’anticipation, du combat que mène l’homme contre la nature.