Laurence Ruet confère à ses des poupées de collection une identité autonome. Son défi relève d’une audace artistique qui garantit l’allure et la singularité de chacune de ses pièces uniques.
Ses créations nous invitent à découvrir la technicité d’un travail authentique. Leur présence appelle le toucher pour ressentir et apprécier l’élégance de la finition. Remarquable par son charme et son goût pour l’expérimentation, sa démarche artistique s’est affirmée au fil des années.
« J’étais fascinée petite par des descriptions de poupées de « rêve », comme la poupée que Jean Valjean offre à Cosette, la poupée en cire de Sophie, le personnage de la comtesse de Ségur. Ces poupées n’existaient que dans mon imagination, mais pas dans la réalité. »
En 1995, une exposition de poupées d’artistes de toutes nationalités créées avec des matériaux très divers provoque un déclic dans son travail. A l’époque Laurence peint uniquement sur toile.
Le procédé technique fait appel au détail et à la minutie. Sans dessin au préalable, elle sculpte à l’aide de ses doigts et de ses spatules en métal une pâte polymère qui durcit une fois cuite. Sans idée prédéfinie, elle suit son inspiration jusqu’à rencontrer l’expression du visage. La combinaison harmonieuse de procédés et de matières témoigne de l’expression du panache des sculptures. Entre invention et tradition, l’artiste préserve ses secrets de fabrication.
Si elle ne cherche pas l’hyperréalisme, sa quête figurative prime avec une restitution au plus proche du réel. Dans l’idéal, elle aimerait que ses sculptures fassent penser aux peintures du XIXème, début XXème siècle.
"Les impressionnistes tels que Cassatt, Renoir, Tissot ou Bouguereau ont beaucoup peint les enfants. J’aime aussi le style pré-raphaélite ; une représentation réaliste mais avec de la poésie, des histoires. »
Laurence reconfigure ces héritages en matérialisant le poids de l’imaginaire. Elle définit une identité pour chaque figure qui tend vers l’intimité. Son questionnement authentique solidifie une individualité. Elle travaille à partir de ses rêves, de ses souvenirs et de la sensation présente au moment de la création. L’expression du visage est capitale car l’émotion s’exprime selon elle essentiellement par le faciès.
Le caractère du visage constitue effectivement l’un des aspects les plus fascinants de son travail. Sublimement travaillé jusqu’au maquillage, chaque gamine s’interprète dans le moindre détail et témoigne d’un temps qui joue avec les anecdotes, n’empêchant aucune extrapolation. Le vocabulaire narratif fait référence à un certain passé mais emprunte une réelle contemporanéité.
Entre l’innocence et la maturité, l’artiste invoque sa mémoire, ses souvenirs d’hier pour aboutir au discernement du réel et ressentir les résurgences profondes en lien avec l’enfance.
« L’enfance c’est un questionnement par rapport à l’immensité du monde et de l’avenir, l’étonnement de chaque découverte. La rêverie, la bouderie, un gros chagrin… »
Ses gamines sont autant de catalyseurs d’expériences possibles propulsées entre passé et présent qui allient raffinement, savoir-faire et création d’exception.