Chez Anne Authier, la nature devient cosmique. Les abysses de la terre comme les corps célestes se fragmentent et s’amplifient sous de nouveaux espaces.
Ses ultimes séries « Nébuleuses » et « Fonds marins » sont réalisées à l’acrylique par strates successives au couteau. L’artiste peint et gratte par aplats, en superposant les couleurs. Les tons dégradés d’une palette vive s’agencent pour créer des éléments abstraits, autonomes. Ces formes subconscientes, créatrices de la raison intuitive, sont de véritables accidents de surfaces qui guident son geste.
« Je pars souvent d’un thème concret et je m’en éloigne par une approche abstraite. Mon inspiration première est la combinaison des couleurs et la lumière que je peux en tirer. »
La peintre travaille la lumière pour transformer l’espace. Par jeu de réflexion, les couleurs se mêlent et achèvent de bouleverser l’ensemble. Cette captation lumineuse travaillée sur la répartition des couleurs génère un véritable équilibre.
Les couches se
disposent une à une sous un jeu de variations qui relève d’une technique sans
failles. Anne intériorise puis transpose le réel en imaginant son propre
vocabulaire. La représentation cède la place à l’abstraction, entre le secret
et l’illumination pour nous amener vers l'interrogation, l'évasion et le rêve.
Cassiopée, acrylique, 100 x 100 cm
Une véritable succession ininterrompue de surprises, de fragments, de distances et de confrontations se construit. Les strates se superposent, se combinent, s'entrelacent. On ressent la puissance des éléments, la violence et la beauté du cosmos, de la nature et des tourments vacillants des profondeurs des océans qui préservent tout leur mystère.
Ces subtiles variations brutes et fragiles, calmes et tumultueuses à la fois, sous un mélange de violence et de douceur, de brutalité et de grâce, nous permettent d’appréhender une véritable expérience phénoménologique dictée par l’imaginaire de l’artiste.
« Mon imaginaire se construit petit à petit au fur et à mesure que je conçois ma composition. »
La surface se remplie sans saturation. Une sensation de spatialisation, de profondeur et de discontinuité laisse espérer mentalement que l’espace donné peut se déployer encore. L’agencement des formes créé un effet de dynamique, un souffle cosmique, une sensation de mouvement qui donne force à l’œuvre et une direction à l’œil du spectateur. Anne Authier nous place dans une atmosphère anachronique qui tient d’un état de bouleversement sans repères, dans les interstices de l’espace et du temps.