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Claude Lessard, de l’entité absolue à la perception de l’intime

 « J’envisage mes œuvres comme des ouvertures donnant accès à la perception d’autres mondes. »

Dans l’univers de Claude Lessard, l’équilibre des forces se revisite et nous projette autant dans le recueillement que dans l’ouverture de perspectives.

« La relation entre l’infiniment grand et l’infiniment petit est un principe alchimique établi. Nous évoluons entre les deux, et le regard abyssal que nous y jetons, nous permet d’avoir accès à notre puits intérieur. » Le peintre nous invite à la redécouverte de soi et à l’introspection spirituelle en sollicitant une réaction, un face à face avec soi-même. Du dehors vers le dedans, de l'intérieur vers l'extérieur, son travail porte un soin particulier à l’abolition des frontières picturales.

 De l’entité absolue à la perception de l’intime, les heurts du cosmos comme du monde des particules coexistent sur ses toiles dans un va-et-vient. « L’organique est cosmique ; les atomes des molécules de nos êtres sont à l’image des systèmes solaires, et cette infinité de parcelles de nous-mêmes nous rends semblables à des voies lactées. » Des rhizomes jusqu’aux cieux, ce véritable parcours réinventé apporte un morceau de rêve ; une porte d’accès vers une autre dimension.

 

 

L’artiste transforme les accidents de surface en filaments de sens révélant l’existence de réalités invisibles et inconnues. Peuplées d’énergies plus ou moins latentes, ses œuvres mettent en scène un souffle cosmique. Une sensation de mouvement flottant et de déplacement se dégage et tend vers une apocalypse joyeuse. Elle nous place dans une atmosphère anachronique qui tient d’un état de bouleversement sans repères, dans les interstices de l’espace et du temps.

Dans cet ordonnancement aussi aléatoire qu’organisé, brisant la tension spatiale et temporelle, l’équilibre se construit intuitivement pour faire état d’une relation au monde jamais figée. Par procédé de dripping, l’agencement des coulées, des traits, des formes, créé un effet de dynamique qui laisse place à la contingence. Pour cela, Claude débute sa toile toujours au format paysage en utilisant des peintures industrielles ou domestiques recyclées et en incorporant parfois divers matériaux.

« J’aime provoquer des interactions entre les diverses peintures utilisées, huiles, encres et latex, et ce faisant en guider les effets (…) Le résultat final est la résultante du développement qui prend forme pendant l’action. »

Le réel prend alors corps laissant apparaître toute la contradiction entre abstrait et représentation. Il ouvre des terrains de questionnement dictés par l’aléatoire où le spectateur construit sa propre image. La composition est rythmée et nerveuse, la couleur domine. Claude Lessard revisite à sa façon et avec sens l’expressionisme abstrait. Sur ses toiles, les apparitions et les disparitions, résolument souhaitées ou librement accidentées, offrent une infinité d’interprétations à explorer.