Il y a dans ses travaux un répertoire hétérogène de sujets, des représentations figurées qui surgissent libres avec panache. Des ambiances du monde d’avant rythmées par le jazz et la frénésie new-yorkaises, des bars, et maintenant des personnages plus que masqués sous des scaphandres, évoquant le monde séquestré par la pandémie que nous vivons.
Le plus souvent isolées, comme suspendues dans un espace indéfini, les scènes balayent du plus abstrait au vraiment explicite, du suggéré au plus nommé. Cette relation entre le fond et la forme révèle la relation ambivalente entre le souvenir d’instants personnels vécus de l’artiste et ceux de l’imaginaire collectif.
Réalité sociale et condition humaine sont des inspirations récurrentes que le peintre s’approprie en fragmentant, déconstruisant, associant et ouvrant les combinaisons de l’espace urbain. Ce procédé provoque des rencontres aléatoires qui font toutes sens. La circulation narrative prend ainsi plusieurs directions sur toute la surface de la toile.
Son détachement manifeste pour l’expertise technique lui permet de générer des lieux, des individus dont les contours semblent toujours heureux. L’artiste semble peindre sous l’emprise d’une forme d’automatisme qui s’ordonne par son geste et par la couleur.
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Les œuvres illustrent l'emploi d'une technique mixte qui lui appartient et lui permet un vaste moyen d’expression. Jean-Paul compose sa propre peinture acrylique à l’aide de pigments purs pour obtenir des teintes uniques, auxquelles il peut ajouter de l’huile, de la peinture de bâtiment ou encore du crépi.
« Sans doute, ma curiosité m’emmène toujours plus loin dans l’utilisation de matières ou d’objets du quotidien détournés pour l’occasion. Il n’est pas rare qu’une idée me vienne en fonction d’une couleur ou d’un outil me permettant de trouver le bon chemin, un peu comme dans un labyrinthe. »
Des éléments issus du réel tels que l’écriture, les lettres s’inscrivent naturellement dans la composition. « Elles sont universelles et dépassent même la barrière de la langue, j’aime écrire avec un stylo-plume et former des lettres et de bouts de phrases, le graphisme et l’esthétique leurs donnent un autre sens. »
Ses peintures fusent comme des traits d’esprit, riches et volontaires. Il peint vite et abondamment avec toujours ce goût particulier pour la retouche.
« Parfois je peux retravailler certaines toiles pour argumenter ou changer d’avis en forçant le trait en quelque sorte. »
Une part naïve et assumée à la force libératrice, entre exutoire et fascination s’exprime dans les travaux de Jean-Paul Debout. Ses toiles sont des instantanés de vie habitées qui laissent le soin de nous surprendre.