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Adèle Bessy, épopées humaines

Son geste débridé, expressionniste comme la trace d’un corps et d’un esprit libre, évoque la zone d’une humanité débordante. Rarement on trouvera dans les peintures d’Adèle Bessy une ligne de fuite, une perspective mais plutôt l’affrontement, la superposition, la confrontation de l’explosion du trait.

 

Ses travaux sont des accumulations de scénettes qui se renvoient les unes aux autres.  Elles assemblent des figures contrastées issues de la bibliothèque de son imaginaire, évoquant les monstruosités de la vie, voire une certaine conception du divin. La civilisation médiévale semble avoir trouvé chez elle une interprète atypique. « J'aime cette période, notamment les riches heures du Duc de Berry et tous les contes et légendes que j'ai lues et dont j'ai dû être imprégnée très tôt par toutes ces illustrations fantastiques où l'imagination est galopante. »

 

Devant ses œuvres, on pense aux hommes-créatures des Primitifs flamands, Albrecht Dürer, Martin Schongauer ou encore à ceux issus de l’univers de Jérome Bosch dans un syncrétisme très postmoderne qui n’en regarde pas moins les très actuelles influences de l’Heroic fantasy. Dans ce mouvement de va-et-vient continu entre le passé et le futur, les toiles s’animent d’une réelle effervescence qui prolifère, comme un nuage atomique, dans une douce explosion.

 

MYRA, huile sur toile, 100x100 cm
 

L’artiste ne nous conte pas une histoire ni une intrigue mais propose les résidus d’instants décisifs au sein d’un espace libre et chaotique.

« J'ai le sentiment que ma tête est un réservoir rempli d'histoires de toutes époques s'interférant avec des mémoires très personnelles enfouies et que tout se retranscrit de façon déstructurée. »

Devant ce bouillonnement d’allusions temporelles, des instants communs aux mythes, ceux du combat entre le Bien et le Mal, entre les Puissants et les Faibles se rejouent avec poésie.

 

Adèle peint à l'huile à la façon des peintres flamands avec plusieurs couches successives de térébenthine et d’huile puis d’un glacis ; un siccatif et une huile transparente. Au chiffon imprégné de térébenthine et de terre d'ombre brûlée, elle débute, guidée par son inconscient, l’ébauche de silhouettes. Son geste prolifique présente tous les symptômes de l’exécution spontanée dictée par une force intérieure. Ses pinceaux aux pointes très fines et sa loupe lui permettent un travail minutieux sur une toile blanche carré qu’elle retourne de façon dynamique dans chaque sens.

« Cela me permet de continuer et trouver d'autres sujets qui s'imposent à moi comme une évidence. »

 

Adèle Bessy a cette faculté à faire remonter à la surface des personnages aussi dévorants que fusionnels, enfouis dans des épopées lointaines. Sa mémoire affective en mouvement actualise, lie et libère les sentiments de désirs et d’aliénation avec intensité.