« Je suis un peintre figuratif qui aime la représentation du réel et je veux être aussi un impressionniste (…) Même si mes toiles ressemblent à des photos, je me limite dans le réalisme. »
L’artiste peint une réalité qui émeut, repose et émerveille où l’impression a son rôle à jouer. Exécuté entre douceur et apaisement, le diffus cohabite avec le précis. Lorsque l’on prend le temps de regarder ses toiles, petit à petit l’atmosphère se transforme. C’est une invitation à se placer dans la disposition de regard pour une meilleure compréhension de la narration. L’appropriation est subjective. Elle illustre des pans de vie d’une mémoire collective. Nous avons tous déjà vécu ou été témoin des situations évoquées par Jean-Jacques Curt.
La composition travaille en même temps la figure et l’espace avec des cadrages originaux qui donnent l’impression de volume. Cette hiérarchie spatiale inclut dans son espace celui qui la regarde.
Pour ce faire, la toile de lin est enduite au préalable de Gesso. Le fond est travaillé à l’acrylique de façon diluée puis nuancé progressivement avant l’élaboration du sujet principal. Les couleurs et les contrastes s’assemblent et se répondent en participant à la construction de la scène.
« Je poursuis la réalisation de mon tableau par morceau comme un puzzle. Une fois terminé, je retravaille ma toile à l’huile pour obtenir un fondu des couleurs et je cherche à donner à mes toiles de la perspective, de la profondeur. »
Les œuvres donnent sens à une atmosphère singulière avec des scènes qui se concentrent sur la question du repère appuyée par la transparence et la lumière.
« Chacun de mes tableaux est issu d’un défi ou d’une difficulté de réalisation que j’ai voulu relever, et notamment les rayons de soleil dans l’eau, les arbres, etc. »
La lumière trouve un jeu de reflets, de clarté, de lueurs douces et brumeuses particulières face aux tonalités sépia ou monochromes qui évoquent un certain temps passé. Celui des cartes postales d’antan où les vieux villages, les champs labourés par les chevaux et les dodoches se garaient sur les chemins de campagnes.
Ce travail pictural a quelque chose de photographique, quelque chose du « ça a été » comme une attestation physique et mélancolique du temps passé et à jamais disparu.
Entre un certain spleen pictural et une apparente tranquillité, une tension dramatique se révèle. Elle est renforcée par la présence caractéristique de certains animaux ; cerfs, chevaux, tigres… Autant de figures gracieuses d’un monde expressif.
« Ce qui me fascine chez les animaux c’est ce qu’ils dégagent, leur émotion dans le regard, leur puissance et leur beauté. »
C’est avec humanisme et un réalisme éblouissant qui préserve parfois ses énigmes que l’œuvre de Jean-Jacques Curt rend hommage aux beautés plurielles de nos paysages. L’artiste apporte un soin tout particulier au détail avec ce désir de reconstituer fidèlement des petites histoires d’hier que chacun restera libre de se raconter aujourd’hui.