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“Y A QU’À…”, se laisser éblouir par Mourka

A la fois médium et inspiration, la lumière est la source de son acte créatif. De l’obscurité à l’éblouissement, Mourka préserve sa fascination pour le visible et l’invisible.

« La plupart du temps mes projets naissent d'un rêve nocturne ou éveillé, d'une fulgurance ou d'une association d'idées. »

 

Soirées de réception, festivals, concours, appels d'offre… Le projet peut être pour une ville ou un événement privé mais ce qui l’anime avant tout c’est le plaisir de l’expérimentation, la création de phénomènes. Mourka jongle avec le détournement et l’inattendu pour mettre en scène des présences éclairées et singulières.

 

Il est question d’échelle, de densité et de transparence. Chaque installation est une nouvelle expérimentation. L’artiste révèle un éventail des possibles et nous place tantôt dans une désorientation sensorielle tantôt dans la reconnaissance et l’identification de formes. Elle privilégie les courbes aux lignes droites, pour leur douceur et leur naturel et préfèrera l'asymétrie si elle préserve une certaine harmonie.

 

Lampadaires déguisés, costumes lumineux, signalétiques d’étoiles clignotantes, ponts et arbres habillés de mille feux, poissons flottant dans les airs… Ses œuvres procurent cet aspect changeant et mouvant. Elles donnent à la lumière une nouvelle dimension en transformant l’espace et en jouant avec les degrés de clartés. Une vue de l’esprit se fabrique, s'agrandit et se rétrécit sous nos yeux.

 

L’effet n’est pas sans conséquences méditatives et spirituelles. Mourka nous aide à percevoir ce qui ne nous est pas toujours accessible en nous donnant accès à un discernement différent de ce qu’est le réel.

Certaines œuvres sont travaillées comme des mobiles suspendus.

« J'ai un regard de scénographe, alors je vais suspendre mais pas n'importe comment : avec des alternances, des différences de hauteurs, en tenant compte de la perspective. »

 

“Songe d’une nuit d’été” scénographie pour le Bal de l’Opéra à la résidence de l’Ambassadeur de France à Washington DC – photo © Mourka Glogowski

 

 La présentation de ses travaux est généralement liée à une temporalité spécifique, une saison.

« Les créations en lumière sont plus adaptées à la saison d’hiver lorsque les jours sont courts et j’aime les replacer dans le cadre des fêtes ancestrales du solstice d’hiver. »

L’artiste travaille également en été. En témoignent le bal de L’Opéra chez l’Ambassadeur de France à Washington ou un parcours lumière en août dans un parc de Moscou dans le cadre d’un festival culturel.

 

Le concept peut naître avant le lieu.

« Si j’ai déjà l’idée, je vais chercher le lieu le plus adéquat pour adapter l’idée, en adoptant le point de vue du public pour qu’il soit en immersion. »

Mais le lieu peut également être au service de l’idée.

« Si j’ai le choix du lieu et pas encore d’idée, je serai probablement attirée par un élément esthétique architectural ou végétal, en tenant compte de la déambulation du public et des rapports de dimension. »

 

Marche, pause, accélération, chacune des installations mène à une appréhension rythmique de l’espace et est envisagée dans une relation de proximité.

« Je regarde, j’écoute, je ressens, je suis attentive. Une bribe de conversation entre deux passants peut être un élément déclencheur, une bourrasque de vent, une anecdote historique. Je prends des photos, je travaille sur plans, je reviens si je le peux, je me pétris du lieu jusqu’à connaître chaque arbre, chaque réverbère ou filin. »

 

L’artiste creuse le rapport nécessaire et réciproque entre l’œuvre et son espace d’installation. Elle y reconnaît en cela une certaine affiliation avec le Land Art. De toute évidence, son travail s’insère dans l’environnement pour souligner son éclat et fait naître de la lumière artificielle, une lumière naturelle.

« J’ai une immense admiration pour la Nature (…) mais je suis amenée à utiliser des matériaux artificiels, ce qui fait une grosse différence avec ce mouvement. »

 

Mourka Glogowski fait l'éloge du transitoire, de l'éphémère. Son esthétique sensible engage force et fragilité, stabilité et mouvement. C’est une vision élégante et illuminée qui revisite le paysage en mutation. L’expérience se vit sur un territoire nouveau, en réécriture où l’on prend le temps d’observer et de se laisser éblouir.