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Marianne Le Vexier, vers un ailleurs

Elle insuffle à ses compositions onirisme et symbolisme. Chaque toile délivre un message, un morceau de rêve que chacun pourra ressentir comme une vibration personnelle.

 

La narration occupe une place dominante dans son œuvre où différents niveaux de récits s’entrechoquent. L’artiste écrit et dessine tous les matins. Ses arguments prolifiques se laissent réapproprier par son inconscient, par sa capacité presque magique de projection. C’est une porte d’accès vers une étrangeté non cloisonnée, celle d’un rêve éveillé.

« Je rêve énormément, je me souviens de mes rêves, et je les écris. Mes rêves nourrissent mon travail. » 

 

La composition est envisagée en mutation. Des figures évoluent sous des lignes déformées, semblant prendre un élan pour se déployer toujours de façon chorégraphiée. Ce sont des

loups, des mains, des maisons, des poissons ou encore des personnages ailés.

« Ils font partie d’un jeu de construction. Les ailes évoquent la liberté, elles laissent venir l’inattendu pour pouvoir l’accueillir. »

Ces anges protecteurs, figures spectrales et majestueuses sont annonciateurs d’une nouvelle ère dont la quête se matérialise par des barques de fortune et une arche de Noé.

« Nous embarquons pour aller voir ailleurs et essayer de changer les choses. On tend la grande voile vers des traversées… Nos vies ressemblent à des voyages à chaque rencontre, chaque rupture. Nous vivons tous sur une petite coquille de noix fragile. » 

 

« l’arche de Noé . » acrylique et huile sur toile,100-100cm
 

Les lignes de fuites se discernent comme des itinéraires énigmatiques qui indiquent la direction et transportent vers un ailleurs. Sous ces latitudes flottantes, les œuvres évoquent le thème du transit, du départ, de la survie. L’ouverture de perspectives, la fuite des corps, les possibilités d’échappatoire sont accentuées par le geste de l’artiste, toujours en mouvement. Le mouvement restitue le caractère instable, changeant. Il est signifié par ses rapports aux figures et aux couleurs. Le rouge, le jaune, le bleu sont récurrents et s’affranchissent sur un fond vert océan.

 

L’artiste fait appel à sa mémoire pour revivre des atmosphères visuelles de sa région d’enfance du Nord de la France. « J’ai vécu au Havre, une ville où il y a toujours du vent, où l’on est dans les éléments, au bord de la mer. »

Vagues, écailles et cheveux appuient le graphisme d’éléments toujours en mutation. Cette juxtaposition de détails se déploie comme une histoire sans fin où l’espace-temps n’a plus de repères.

 

Il aura fallu huit années après sa formation classique à l’académie de Port Royal et aux Beaux-arts de Paris pour que Marianne Le Vexier commence à se libérer du réel et construise la poésie de son propre espace de liberté. Aujourd’hui, elle fabrique ses pigments, peint exclusivement au pinceau à l’acrylique puis à l’huile. Son émancipation plastique témoigne d’une relation au monde jamais figée, d’une force imageante aux portes de l'émotion et du rêve.