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Monique Wender revisite les perspectives

Ses photographies deviennent des peintures donnant sens à une atmosphère singulière, ultra-réaliste. Sous un cadrage fasciné, l’espace de la perception s’étire et se condense vers des détails percutants.

 

Elle peint à l’huile sur toile. Son travail est issu de ses photos numériques qu’elle transforme à l’écran en panoramique. Sous une vision continue, tout le paysage qui s’offre à elle est restitué, lui permettant de revisiter les perspectives, les formes et les couleurs.

« Je veux qu'on ressente la photographie dans ma peinture. Le réalisme photographique associé à la transposition des couleurs, le travail sur l'image avec l'ordinateur sont pour moi une manière de rendre compte de notre époque. »

 

Comme au cinéma, la scène capturée est envisagée tel un plan séquence étiré ; un fragment appréhendé dans son entièreté, une pièce isolée d'un ensemble vaste. De la composition à la couleur, tout est question d’équilibre. Un jeu de lignes de force et de fuite en parfaite structuration, retranscrit avec rationalité la perspective.

La peintre cite volontiers dans ses références picturales Edward Hopper, Jacques Monory et Michaël Borremans, maîtres d’une peinture cinématographique baignée de mélancolie et de métaphysique.

 

Canal de l’Ourcq 7, peinture à l’huile, toile, 1,30 m x 0,81 m, 2019. 

 

Comme eux, elle questionne le hors champ de chaque scène et l'intrigue picturale, entre apparition et disparition. Les détails percutants nourrissent la composition qui persiste à donner du sens à la scène pour alimenter la narration. Traitée avec un figuratif réaliste, la restitution du visible reste essentielle.

 

L’artiste travaille le paysage urbain, en restituant la poésie esthétique des villes.

Les ports l'attirent aussi : « L'immensité des espaces, des bateaux, des installations industrielles. C'est un ailleurs, un autre monde. »

Et puis il y a les plages et Paris, la ville souterraine dans le métro et son canal de l’Ourcq.

 

Au bord de ce canal, elle questionne l’apparition de l’événement et l’identité des caractères en les peignant de dos, oscillant toujours avec ce degré de distance et de proximité. Dans ses lieux choisis, la diversité humaine est large, les trajectoires personnelles nombreuses. Les attitudes sont sereines, les interactions amicales, parfois amoureuses. Les sensations vivantes, palpitent, se condensent.

 

Entre le ciel et l’eau, il se passe toujours quelque chose dans la peinture de Monique Wender. Ce sont des pans de vie d’une mémoire collective dont nous avons tous déjà été témoins. Les scènes se concentrent sur la question du repère et prennent le soin de préciser le plus possible les signes, accentuant progressivement la frontière entre espace intérieur et espace extérieur. Cette mise en scène des relations avec les autres, des individus avec leur environnement est une des particularités du travail de l’artiste. Son art contextualise pour donner naissance à un sensible commun sous une architecture poétique recomposée.