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Chantal Lallemand, toiles sensorielles

Ses toiles ont un volume, une rugosité, une douceur que l’on regarde. Le procédé repose sur un mouvement optique, entre surgissement et disparition qui laisse exprimer la surprise picturale afin de stimuler nos sens.

 

Son émotion personnelle guide ses premiers gestes, puis la couleur vient préciser le cheminement. Chantal Lallemand tanne avec ses ongles et ses doigts la toile en constituant des arabesques pour créer le fond avant de peindre à l’acrylique avec des ajouts de matières. Peinture pailletée, sable, sucre blanc ou roux, farine, perles de structures différentes participent au relief. Les perles sont superposées et cousues une à une. La toile la plus ornée réunit plus de 35 000 perles. Une création méticuleuse réalisée au bout de sept mois à raison de six à sept heures de travail par jour.

 

Pour apporter encore plus de profondeur, elle peut déchirer au couteau une partie de sa toile qu’elle reconstituera ensuite. Ses œuvres se construisent selon un mouvement inspiré par la musique de Pink Floyd.  « C’est la seule musique qui m’inspire. Ma main suit le rythme de la musique. »

L’artiste se détache des apparences et provoque son propre vocabulaire abstrait. Son geste assume autant la maîtrise que les errances, le hasard et l’imprévu.

Entre ces interstices affirmés, les variations se lient, se libèrent avec intensité et se magnifient par des halos de lumière, des reflets d’un espace nuancé intégré dans la profondeur.

 

Chantal aime casser le côté précieux, harmonieux et gracieux de ses créations en les exposant dans des endroits inattendus ; un squat, une usine désaffectée, un vieux hangar, une voiture américaine de police. Elle immortalise ses performances par la pratique la photo Urbex. Une façon de revisiter un site désaffecté qui a façonné une identité passée.  Mais aussi d’apporter du contraste à ses œuvres vers un nouveau relief, une nouvelle forme visible en engendrant une certaine attention dramatique.

 

Betsiboka, 60x60 cm,20 000 perles cousues sur toile de lin

Sensible à l’esthétique relationnelle, au sens théorisé par Nicolas Bourriaud, elle revendique également le snoezelen ; une stimulation multi-sensorielle visant à éveiller la sensorialité stimulée du spectateur dans une ambiance apaisante.

« Lorsque mes toiles sont accrochées au mur, la brillance, les mouvements, les reflets, la lumière participent l’atmosphère et au ressenti. C’est un peu comme un arbre de Noël qui scintille. »

 

Ses travaux se destinent à tester la faculté de perception de chacun, à sonder l’innommable, dans l’en-deçà du verbal. Cette expérience contingente inclue le spectateur, sa temporalité, l’environnement et le sens de l'œuvre. Du détail à l’ensemble, le regard suit son parcours. Dans ce va et vient, il est nécessaire de scruter, se rapprocher, se mettre à nouveau à distance pour apprécier la particularité méthodologique de création.

 

C’est un travail qui dégage une grande force poétique.  L’expérience esthétique nous transportent dans un espace intuitif où la pureté du vocabulaire plastique renoue avec la nature originelle et ses mouvements ; la vigueur de l’eau et du vent, de la vague et du souffle.

Chantal Lallemand a reçu en  :   

- août 2021: la médaille d'argent de la Société Académique ARTS SCIENCES LETTRES de Paris.

- juillet 2021: le prix LE DAVID de Michel Ange En Italie.