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Alain Vuillemet, l’imprévisibilité de la matière

 Dans chacune de ses sculptures compactées, son geste débridé, expressionniste témoigne de son esprit libre.

Ses pièces en inox, d’une force coercitive, semblent avoir été percutées, attaquées par la trajectoire, comme une somme d’empreintes de la déviance. C’est une ouverture de perspectives, un espace du possible opposé à la rigueur géométrique et contraignante, un moyen de déstabiliser l’espace et les angles droits. Conjuguant forme, volume et masse, elles réunissent un mélange de gravité et d’apesanteur cherchant à les figer dans un état d’attente dynamique, au moment où le matériau pourrait se disloquer, où une image pourrait exister dans une sorte de rêve. Car les œuvres accentuent l’onirisme plutôt que les jeux de codes et de références.

Il ne faut pas rechercher les origines du travail d’Alain Vuillemet dans l’histoire de la sculpture, mais dans quelque chose de plus intérieur. Chaque sculpture habite sa vie propre et laisse l’opportunité de surprendre. Chacune questionne les tentatives de fuite et d’échappatoire de la matière et accepte son imprévisibilité comme mode opératoire.

 

Anti matière 1

Ce travail nous rappelle que chaque œuvre est un mouvement en soi, un processus de métamorphoses dont l’inertie ne saurait être que superficielle.  Cette poésie sculpturale provoque des sentiments tout aussi réjouissants que méditatifs. L’artiste se focalise sur les pleins et les vides qui dessinent notre environnement. Ceux à travers lesquels on circule, sans y penser, sans même les voir. Ceux, encore, qui occupent une place à part dans notre imaginaire et qui flirtent avec la science-fiction.

Alain Vuillement réveille notre vision paresseuse. Tout est histoire de déplacement. Ses œuvres en volume sont faites pour être vues en mouvement, de dessus ou de dessous ou sous d’autres angles inattendus. Laissant libre court à nos projections de transformation et de mutation. Comme dans un jeu de construction, le récit artistique se réinvente sans cesse.  La rigidité de l’inox se confronte à la souplesse du point de vue et de la libre interprétation.

Cette perturbation de l’équilibre physique et sémantiques donne forme à des œuvres simples et directes. Entre forme, sens et déploiement, l’artiste convoque ainsi une esthétique inattendue. Ses sculptures sont des dispositifs à générer de l’attention, nous aidant à constater les points communs de leurs multiples variantes et de leurs différences visibles, à la fois minimales et pleines de vitalité.