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Cécile Coent, entre la nature et l’oubli

 

Apostrophe, 2022, encre sur polypropylène, 50 x 70 cm

Ses œuvres sont des empreintes abstraites reconstituées de l’environnement naturel, un regard curieux et poétique sur le monde, les autres et les béances de notre mémoire.  

 

Dans la pureté de son vocabulaire plastique, il y a une façon de renouer avec la nature originelle. En contemplant le spectacle de la nature, Cécile peint à l’aide de l’encre à alcool sur des supports plastiques ou métalliques tel que le polypropylène, le pvc expansé, le Plexiglass ou encore le Dibond.

 

Des espaces colorés, souvent vifs et électriques s'interpénètrent, laissant libre cours au hasard. Ils se devinent comme des apparitions que l’on ne peut saisir que partiellement.

La superposition et la dilution des tonalités se structurent par trames. Viennent s’ajouter des lignes, des courbes et des hachures qui scandent la surface.

Son évocation abstraite de la nature provoque une émotion profonde et bouleversante. 

« L’art abstrait me permet de transmettre plus librement l’expression de mes émotions et ce qui anime mon propre inconscient. »

Des empreintes surgissent des souterrains de l’âme. Dans ce jeu de mémoire et d’oubli, la rémanence devient visible comme les possibilités de dire, de survie et de rêve.

 

Le soin harmonieux porté aux tonalités, par révélation graduelle, accentue la force libératrice du mouvement, constitutif de la vie ; une manière de révéler toutes les forces en présence.

« Rien dans la nature est figé. Tout change et se transforme en permanence. La nature n’existe et ne renaît que par elle-même, sans l’intervention d’une volonté ou d’une activité humaine. Elle est essence, source de la vie… »

 

L’artiste montre le mouvement, le vivant comme un véritable témoignage de ce qui doit être potentiellement sauvegardé avant la dégradation, la disparition, l’oubli, comme autant de présences qui s’effacent et se révèlent.

Dans l’exercice de ses fonctions d’infirmière et d’art thérapeute, ses rencontres avec les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ont particulièrement marqué sa vision de l’être humain et de son existence.

« Si la mémoire consciente échappe, elle fait place à la mémoire inconsciente riche et fascinante ; (…) Il n’y a jamais d’amnésie totale. Le refoulé regorge de traces et d’éprouvés du vécu. Je cherche à restituer le témoignage de toutes ces traces enfouies. »

 

Les toiles apparaissent ainsi comme une suite de sensations furtives qui diffusent des perceptions diluées, délitées, floutées. Cécile Coent travaille ses œuvres en prenant soin qu’elles soient modulaires et contaminées, toujours dans une constante évolution, à la fois en devenir et vouées à disparaître afin d’être livrées à l’interprétation de chacun.