Série "Habiller les arbres", technique mixte. |
La contemporanéité de sa série se situe dans cette virtuosité alchimique de techniques distinctes qui associent la photographie, la peinture et le dessin.
Yammes photographie depuis toujours son environnement, le ciel, la nature et les arbres notamment. Ce milieu naturel capturé est ensuite transformé avec une intention prêtée aux illusions de l’image.
En retranscrivant ce que le réel lui inspire, elle s’attache à l’idée de représenter des arbres animés et costumés. Tous sont méthodiquement présents dans les masses. L’artiste regarde les arbres en montrant le visible derrière l’opacité. Son degré d’abstraction préserve la structure apparente de l’arbre. L’impression de surgissement se révèle et laisse ainsi s’exprimer la surprise picturale.
Yammes magnifie l’arbre en rendant perceptible sa présence qui se dérobe comme une existence singulière. Revisité en espaces colorés, il s’apparente effectivement à la figure humaine avec une certaine intensité picturale. L’arbre met en lumière des formes anthropomorphiques qui s’inscrivent dans un mouvement toujours différent.
« Les branches me rappellent des jambes qui marchent, qui sautent, qui dansent...
J’ai toujours eu envie de les habiller, de les vêtir, de les coiffer ! »
L’artiste questionne à sa façon l’identité, le lien entre l’homme, la nature, l’art et la mode.
« C’est le récit de chacun des arbres rencontrés tout au long de ma vie, en montagne, à la campagne ou en ville... En mouvement, ils s’élancent, marchent dans un défilé de haute nature et haute couture. »
Dans cette traversée de mutations, chaque arbre porte un vêtement unique arborant avec ferveur l'énergie qu'il dégage.
Les atmosphères sont joyeuses. Certaines délivrent un sentiment plus mouvementé, laissant transmettre une impression de vent. Cet aspect changeant et mouvant fait état de bouleversements à l’image du cycle des saisons où les tonalités vivent côtoient les plus froides. Ce libre exercice nous invite à pénétrer dans un univers parallèle empli de vitalité où les espaces s’ouvrent et se découvrent au fil d’une temporalité spécifique.
Yammes souligne la force libératrice du temps qui s’écoule, constitutif du changement, de l’évolution. Sa vision élégante qui revisite le paysage en mutation est aussi une façon d’éveiller la sensibilité de chacun à l’environnement et au devenir du climat.