Quat’sous sculpte le bois, matière vivante et tactile qu’il s’approprie en variations infinies. Il fait dévier l’ordonnancement du réel et incite à le reconsidérer. L’artiste suit les veines déjà inscrites dans le bois puis s’en éloigne. Ses lignes droites, arrondies ou brisées se combinent sous des formes abstraites et tendent vers une mise en présence plutôt qu’une représentation.
L'abstraction et la déstructuration sont aujourd’hui les maîtres mots de ses travaux.
« L'évocation rêveuse m'a toujours plus inspirée que la précision classique du motif. La pudeur dans la représentation des personnes plus que l'anatomie des corps (…) Faire surgir l'évocation du vivant de bois morts ramassés. » Ce lieu d’entités en métamorphoses, entre l’inanimé et l’animé, le vivant et le mort, le réel et l’irréel fabrique le choc visuel.
Entre possibilité de reconnaissance et potentialité fictionnelle, les sculptures de Quat’sous sont à la fois simples et directes, toutes aussi complexes et polysémiques.
Les espaces s’ouvrent et se rencontrent comme un glissement, laissant ainsi se déplacer le mouvement entre forme et sens. La verticalité s’assume entre les vides et les pleins, entre le figé et la trajectoire. Ce lien harmonieux provoque des rencontres aléatoires qui permettent l’accès à une interprétation.
Dans le chaos de la matière brute, un visage, un corps, une forme apparaissent. Mais la recherche de la représentation est toujours délaissée pour laisser place à l’imaginaire. La référence n’importe pas. Ce qui compte c’est l’énergie libidinale, la fascination qu’elle génère. Ses œuvres métamorphosées ne déracinent en rien la matière prélevée. Elles semblent même avoir existé telles quelles avant l’empreinte de la main de l’artiste. Face au travail de Quat’sous, les interrogations demeurent d’une grande force poétique.
Le parcours d’une vie…
Son mode opératoire ; la sculpture sur bois, débute dès son plus jeune âge.
« M'amuser à tailler des cannes dans des bois ramassés en promenade m'a été transmis par mon grand-père paternel dès mes dix ans en m'offrant mon premier Laguiole. »
C’est dans la campagne périgourdine que le jeune artiste prend conscience, de la nature comme source inépuisable d’inspiration.
Happé plus tard par ses études de médecine qui aboutiront à la pratique de la pédo-psychanalyse, il ne renonce jamais à l’art. La mort d’un fils, toute une vie à refaire, viennent dramatiquement bouleverser son travail artistique qui reste encore hanté aujourd’hui par ce souvenir douloureux.
« Après ces événements tragiques, dans un élan de résilience, j'ai taillé mon premier bois : une petite souche d'amandier mort ramassée dans un torrent a révélé, sous gouges et ciseaux, être habitée d'un personnage féminin esquissé portant en ses bras un bébé au lange flottant et le sauvant ; je n'ai plus cessé depuis (1975.) »
Sa rencontre avec l’artiste et écrivain Yvon Taillandier, 20 ans d’amitié, reste une étape significative pour Quat’sous.
« Il m'a fortement encouragé puis soutenu lors d'une première exposition personnelle à la Faisanderie de Sénart proposée par l'ONF, jusqu'à faire une œuvre à quatre mains en posant ses couleurs sur une sculpture de ma main. »