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L’art en métamorphose de Jorge Sancho Galego

 

JSG

Jorge Sancho Galego est né le 31 juillet 1961 à Sâo Bras De Alportel, dans la région de l'Algarve au Portugal. Arrivé en France en 1966, il construit progressivement un univers artistique polymorphe où chaque période créative résonne comme un chapitre d'un vaste poème visuel où s'entrelacent matières et intentions. Son œuvre, tel un fleuve sinueux, traverse des paysages intérieurs et extérieurs, alternant entre la douceur méditative de l'aquarelle et l'acidité expressive des bois brûlés. Ses différentes périodes révèlent ainsi une cartographie intime où chaque série se veut une île aux contours singuliers.

Si l'artiste revendique le renouvellement perpétuel comme condition sine qua non de l'acte créatif, c'est qu'il embrasse la rupture comme moteur d'évolution. Loin des chemins balisés, chaque technique devient une langue nouvelle, chaque matériau un territoire à défricher. De la bande dessinée, réalisée dès son plus jeune âge, à l'évocation picturale de l’univers de la musique, des « Compositions marines » aux récits fragmentés des « Petites histoires », la création s'élargit, se transforme, parfois brûle et renaît, comme dans « Visions brûlées », ou encore se fige dans les portraits – capturés, rebelles, ou fantasmés.

Parmi ces périodes, « Les pluies acides ou les feuilles qui pleurent » se détachent tel un cri d'alarme écologique. Exposée à l'INRA, à l'UNESCO et à la Galerie de Buci à Paris, cette série incarne la voix d'une nature blessée, érodée, qui pleure des larmes métalliques. Un reportage de six minutes diffusé à la télévision, notamment sur TV5 Monde, a révélé ces œuvres au public international, gravant dans le regard une vision inquiète, mais profondément poétique, du monde naturel. Ce cycle a également permis à l’artiste de faire son entrée dans le Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains de Jean-Pierre Delarge, une reconnaissance éditoriale qui scelle l'importance de son travail.

Autodidacte de nature, Jorge Sancho Galego n'a pas suivi un parcours académique classique. Au début des années 1980, il fréquente néanmoins l'atelier de Josette Vaudou à Paris 16ème, où il affine son apprentissage du dessin et de la peinture. De cette période naîtront les premières séries de portraits, une pratique qu'il poursuivra jusqu'en 2006, entre visages capturés et « Portraits rebelles ». Entre-temps, les « Feuilles – Cœur » prolongent son exploration de la nature humaine et végétale, tandis que l'aluminium découpé et le bois s'imposent comme de nouveaux supports sculpturaux.

Pourtant, au-delà des ruptures de styles, l'œuvre de Jorge Sancho Galego demeure habitée par une cohérence profonde, un filigrane presque invisible mais indéniable, semblable à une empreinte digitale. Comme en graphologie, on perçoit une signature propre, un geste distinct, une manière d'effleurer le papier ou de scarifier la toile qui traverse les périodes et les techniques. Qu'il sculpte l'aluminium ou grave le bois, qu'il découpe le métal ou dessine au café, le geste de l'artiste garde une intensité constante, une empreinte indélébile.

Ainsi, son parcours se fait le théâtre d'une odyssée créative où chaque période participe à l'édification d'un corpus évolutif. Les « Petites histoires » répondent aux « Paysages rêvés », les « Feuilles » tombent pour mieux renaître dans les « Dessins au café », les « Vacances au Portugal » évoquent la mémoire de l'enfance, tandis que le « Pixellisme » déconstruit le réel pour mieux le recomposer. Et dans ce parcours, chaque période, chaque technique, chaque matériau tisse une fresque intérieure où se côtoient la puissance du cri et la délicatesse du murmure.