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Articles

Affichage des articles du septembre, 2017

Véronique Gros, ce qui lie et sépare

  Lait noir du petit jour, acrylique et encre sur toile La série pratique la méthode de l’écaillage des formes et des surfaces où le tracé se livre à une toute nouvelle contingence.   «  Un espace clos qui finalement va toujours trouver une échappée. » Imprévisibles, toujours renouvelées, des formes concentriques presque géométriques semblent se souvenir et porter en elles la mémoire de leur matrice disparue. Leurs contours visibles prononcés apparaissent sous un trait spontané à l’acrylique et à l’encre sur papier épais. Dans cette immersion enveloppante et organique, Véronique Gros travaille autant sur ce qui relie que sur ce qui sépare. Le lien qui rassemble comme celui qui déchire provoquant la perte, l’éloignement.   Entre présence et absence, dans une rapidité insistante et répétée, elle trace, lacère, griffe, creuse, surligne. Rayures, accros, écorchures témoignent de l’accident esthétique où l’aléatoire se révèle en per

Julia Perrin, l’exil narratif

Strates des mers, encre sur papier aquarelle,  2015, 50 x 70 cm Nourris de situations remémorées et d’intuitions, ses travaux sont des voyages qui racontent leur histoire, laissant délicatement percevoir dans la restitution du réel la curiosité d’un ailleurs. Après des études en sciences humaines, elle choisit finalement l’art pour exprimer son ressenti sur le monde. Kabylie, Japon, Brésil, Canada … Sont des lieux qu’elle a traversés où elle s’est également installée. De ses exils constants, elle saisit l’immédiateté donnant lieu à des paysages, des portraits, des atmosphères, des détails intimes à chaque fois singuliers. Julia Perrin se nourrit de la perte des repères que la vie peut lui procurer ici et ailleurs. « Les voyages me font sentir différente avec le déracinement, l’exclusion, l’intégration, la perte de codes que cela peut susciter, mais cela fait partie de moi. » De l’illustration à l’abstraction, elle fabrique une iconologie d’inter

Mélody Seiwert, scintiller sous un nouvel enchantement

Elle creuse l’espace ténébreux où tout se décompose... Le travail de Mélody Seiwert est animé par une obsession : tenter de rendre visible les processus vitaux dans le corps et la matière vivante. Finalement, l'approche de la finitude et de la décomposition par l’image photographique, ses procédés et ses techniques singulières, vont, jusqu'à ce jour, graver son parcours. On entend le  memento mori*  dans sa démarche. Un cheminement d’un monde à l’autre, un voyage dans lequel rien ne se perd, tout se transforme, les hommes, la nature, les végétaux… L’artiste capte par la photographie ce qui évolue au sein de la grande chaîne du vivant, le processus d’érosion, de putréfaction mue par la fascination qu'elle voue à l’empreinte du temps dans la matière : « La dégénérescence, la mort peut nous délivrer de l’esthétisme et là réside la beauté.  Que ce soit dans les visages aux peaux parcheminées et aux regards lumineux des centenaires que j’ai photograph

Les lignes de force de Catherine Jouck

Imprégnée par l’écriture de son père architecte, ses travaux s’envisagent comme des songes alliant la peinture et l’édification dictés par une certaine conscience sociale. Bien que le résultat n’ambitionne aucune vocation fonctionnelle, le procédé s’emprunte aux méthodes de la maquette architecturale, de l’esquisse industrielle. Pourtant tout concourt à troubler les dimensions des espaces, des volumes représentés, multipliant volontairement leur potentiel fictionnel. Cette étrangeté radicale se concentre également par les corps. Catherine Jouck peint des êtres évoluant, déréalisés, aux silhouettes squelettiques. Qu’ils soient figures, villes ou buildings, tous sont issus de variations de l’informe et travaillés sous une certaine verticalité étirée . L’artiste l’envisage comme axe de toute construction, tel l’échine de la vie. « La verticalité structure mes tableaux et apporte une base harmonieuse (…) C’est une colonne vertébrale qui gère la gravitée te

Françoise Suzanne, un rêve nébuleux et illuminé

Elle recrée des paysages que l’on rêve ou que l’on devine dans les interstices du réel. Son travail s’incarne en formes simples, minimales, verticales et plus éparses.  Elle puise son inspiration dans les fragments de l’environnement, des éléments propices à l’harmonie, des chocs esthétiques qui éveillent sa curiosité autour de la couleur. Françoise Suzanne regarde la nature avec un point de vue. De la longue ligne d’un tronc d’arbre, elle apprend comment la grâce se marie à la dignité, comment la force donne du relief à la douceur et dont l’élégance sera le résultat. Elle trouve des indices pour ses propres combinaisons ; des fragmentations du réel qui distillent l’éternel. Avec la démiurgie de l’abstrait , elle rejette le réalisme. La plupart des détails disparaissent, laissant émerger la suggestion à l’aide de son couteau, son pinceau, sa pipette et autre bâton. « Le pays du rêve » n°2, 50 x 35 cm, acrylique sur papier yupo